M. Tahir Souleyman Haggar, économiste renommé et ancien président de la Cour des comptes, interpelle les autorités tchadiennes sur un enjeu crucial : la traçabilité des revenus issus de l’exploitation de l’or, évalués à 500 milliards de FCFA selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un montant colossal qui soulève des questions brûlantes sur sa gestion et sa redistribution.
Si l’or tchadien brille dans les rapports internationaux, son éclat semble se perdre dans les méandres d’une opacité institutionnelle. Où sont investis ces fonds ? Qui en bénéficie réellement ? Les infrastructures publiques, l’éducation ou la santé profitent-elles de cette richesse, ou celle-ci alimente-t-elle des circuits opaques, échappant à tout contrôle citoyen ? M. Haggar exige des réponses claires, rappelant que « la transparence n’est pas une option, mais un devoir républicain ».
Au cœur de ces interrogations se trouve la SONEMIC ( Société Nationale d'Exploitation Minière et de Contrôle), dont le statut juridique et la gouvernance restent opaques. Est-elle une société d’État, parapublique ou un partenariat public-privé ? Qui détient ses actions ? Qui siège à son conseil d’administration ? Autant de questions sans réponse, malgré leur importance vitale pour le contrôle démocratique de ses activités. La population a le droit de connaître les actionnaires et les décideurs qui pilotent cette structure stratégique. Une opacité aussi inquiétante alimente les suspicions de détournements ou de clientélisme, dans un pays où les inégalités socio-économiques demeurent criantes.
M. Haggar plaide pour un audit indépendant, impliquant la Cour des comptes et la société civile, afin de retracer chaque franc issu de l’or tchadien. « Sans transparence, il ne peut y avoir de confiance entre l’État et les citoyens », insiste-t-il. Le Tchad, dont les ressources minières pourraient être un levier de développement, ne peut se permettre de reproduire les erreurs du passé. Les 500 milliards de FCFA doivent servir à bâtir des hôpitaux, des écoles et des emplois — non à enrichir une élite.
Le gouvernement se doit de rompre le silence. Clarifier le rôle de la SONEMIC, publier les rapports financiers et ouvrir un débat national sur la gestion des ressources minières sont des urgences démocratiques. Le temps est venu de transformer l’or en progrès, non en privilèges d’une petite élite.
La rédaction TchadOne