Connectez-vous S'inscrire
Menu

Boko-Haram : voici comment la secte recrute ses membres

Mardi 13 Décembre 2022

Selon des études menées par le CEDPE, l’effectif des recrues de la secte Boko-Haram a atteint 14.520 personnes avant de diminuer drastiquement à 10.842 membres en 2018 soit 25,33%. Alors que la secte connaissait son apogée, quelle était les modes de recrutement de ses membres ?


Comme tout groupe extrémiste, Boko-Haram dispose d’une stratégie d’enrôlement dont les recrues ne sont pas forcément volontaires ou convaincues par l’idéologie. Le syndrome de Stockholm a véritablement joué pour quelque chose dans l’amplification des troupes de la secte.

Les raisons de l’engagement des volontaires sont le plus souvent liées au motif de contribuer « à l’atteinte des objectifs du groupe (le jihad contre l’école occidentale, l’élite corrompu du Nigéria, la création d’une société islamiste basée sur les interprétations du Coran » selon le magazine Libre-Afrique. D’autres raisons apparentes telles que la pauvreté ou la polygamie (il y a beaucoup d’enfants dont les parents ne peuvent s’en occuper) facilitent le recrutement au sein du groupe. En outre, le malaise des femmes exclues, marginalisées ou non reconnues les expose à la radicalisation.

Des différents témoignages recueillis par le CEDPE, il ressort que la secte Boko Haram utilise des techniques d’enrôlement effroyables pour gonfler ses rangs. Entre autres, la terreur, la promesse d’une vie meilleure sur terre et dans l’au-delà, l’allocation piégée, une bonne rémunération, la chasse aux jeunes ou les enlèvements. Mais il faut dire que les réseaux sociaux n’ont pas eu beaucoup d’impact dans le recrutement des combattants comme c’est le cas en Asie avec Daech. Cette tendance s’explique par le fait que le niveau d’éducation dans cette région est trop bas, puis il y a aussi une difficulté d’accès à la connexion internet trop chère et quelque fois inexistante dans certaines zones de l’Afrique.

La technique de la terreur

Elle consiste à attaquer un village isolé à l’aube, généralement non ou peu contrôlé par l’Etat, puis rassembler tous les habitants avant de choisir à tout hasard deux ou trois personnes pour les égorger devant la foule. Vient ensuite la fameuse question qui sont ceux qui sont avec nous et ceux qui ne veulent pas adhérer à notre cause. Dans de tel contexte de terreur, c’est tout le village assiégé qui prête allégeance à la secte par peur de connaitre une fin atroce. Les éléments de la secte décident en ce moment du sort du village attaqué : soit la population est maintenue sur place en prenant des engagements de servir les intérêts du groupe dans les domaines de l’information (sur le flux des mouvements des forces gouvernementales par exemple), les activités génératrices de revenus (pêche, agriculture, commerce, culture de la drogue, collecte des impôts etc.) ou la conduire au maquis.

Les enlèvements

Les mouvements extrémistes Boko Haram, Daech et consorts cherchent par tous les moyens à renforcer leurs forces avec des jeunes maquisards. En 2014, Boko Haram intègre les enlèvements de masse et la chasse aux jeunes sur les axes des marchés hebdomadaires des villages, ou pendant qu’ils vaquent à leurs activités quotidiennes comme le pâturage, la pêche ou l’agriculture.

L’allocation piégée

C’est en réalité une des techniques multidimensionnelles de recrutement de personnes généralement issues des milieux défavorisés. Il s’agit d’identifier les personnes nécessiteuses pour leur proposer une allocation afin de concrétiser une activité génératrice de revenus (AGR). Une fois la dotation allouée, la personne est dans le collimateur des informateurs du groupe qui analysent son comportement et ses réactions à l’égard de l’organisation. Si le constat est estimé contraire à l’égard du groupe, celui-ci revient quelques jours plus tard pour revendiquer deux choses : la restitution intégrale et sur le champ de la somme allouée ou le départ pour le maquis. Il arrive aussi que l’allocation soit accordée à une personne âgée qui a des jeunes enfants. Et comme l’objectif visé est justement la jeunesse, on exige du père de la famille insolvable de mettre à la disposition du groupe ses progénitures (garçon) pour les combats ou pour servir de cuisinières (filles) et des « esclaves sexuelles » pour les combattants.

Les promesses matérielles et spirituelles

Une autre technique consiste à convaincre par des multiples promesses une vie meilleure sur terre et dans l’au-delà, c’est-à-dire au paradis, vers lequel on conseille d’aller expressément car les places y sont limitées. Aller expressément au paradis, c’est être motivé dans les affrontements avec l’ennemi en prononçant à haute et intelligible voix « Alchahada » au nom du jihad, la lutte armée sacrée. La bonne vie, selon l’idéologie extrémiste, se déroule au paradis où tout est mis à la disposition du martyr. Et pourtant, les leaders qui prêchent à convaincre les combattants de se précipiter au paradis, n’ont jamais accepté d’y aller. La promesse d’une vie meilleure sur terre a aussi séduit certains qui, déçus après avoir découvert le mensonge et d’autres déceptions se sont rétractés.

Outre ces techniques, la secte procède au recrutement des enfants. Cela en les apprivoisant avec des petits sous et surtout en les endoctrinant avec leur idéologie vu qu’ils sont jeunes. Généralement ce sont les enfants fréquentant les écoles coraniques qui sont pris pour cible.