Quand j’ai vu ces images, je croyais que c’est du fakenews. Puisque 2 mn avant, j’ai reçu des images en provenance d’un conflit de Jebel Moon au Darfour, non loin du Tchad. Il a fallu que j’appelle un ami à Kousseri qui m’a confirmé ces violences. C’est vraiment déplorable à tel point que je ne sais comment qualifier ces atrocités entre deux communautés qui autrefois cohabitaient en toute quiétude ?
Ces affrontements ont opposé les éleveurs Arabes Choas et les agriculteurs Mousgoum à l’Extrême-nord du pays. Le conflit ne date pas d’aujourd’hui. Pendant trois jours, des affrontements ont eu lieu dans des villages non loin de Kousseri et hier à la grande surprise, la ville de Kousseri a été attaquée. Le bilan humain s’est alourdi et les chiffres sont contradictoires. D'aucun évaluent le nombre à 112 personnes y compris de femmes et des enfants.
Ces scènes rappellent un peu la Centrafrique entre 2014 et 2016 où on voit des hommes armés de machettes, qui s’attaquent aux femmes enceintes et aux enfants et qui se plaisent à voir un être humain en train de se carboniser. Quelle sauvagerie ? Ce qui est plus choquant, c’est de voir des enfants s'attrouper autour des corps calcinés ou en feu. Je me demande qu’est ce qu’on attend de ces enfants à qui on apprend la violence dès leur jeune âge ?
Il paraît que c’est un conflit opposant des bergers arabes Choas empêchés d’abreuver leur bétail par des agriculteurs Mousgoum. On ne comprend pas pourquoi les forces de l’ordre observaient les scènes sans intervenir ? Mais un commandant a dit qu’ils n’ont pas reçu l’ordre d’intervenir ! Ça veut dire que les forces de l’ordre n’interviendront pas si Boko Haram attaque la ville de Kousseri ?
Ce massacre a provoqué un flux de réfugiés à N’djamena au moment où le Tchad n’a pas fini d’accueillir de réfugiés soudanais, centrafricains et nigérians. Le président tchadien a estimé dans un twitt le nombre de réfugiés à 30 000 pour la journée de mercredi 8 décembre. La fuite de camerounais vers la capitale tchadienne a crée une crise humanitaire poussant les autorités à lancer un SOS en direction des organisations humanitaires qui peinent à bouger.
Enfin, il est urgent que les sages interviennent pour trouver une solution entre les deux parties et puis il faut une campagne de sensibilisation pour prévenir ces genres des conflits entre les communautés. L’état camerounais a une part de responsabilité puisque cette zone est totalement délaissée à tel point qu’on se pose la question s’il nya pas un traitement ségrégationniste entretenu par l’état camerounais ?
Dr. Ahmat Yacoub Dabio
Président du centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme