Accompagné de la coordinatrice du CEDPE Mme Cécile Ngardji et le conseiller chargé des affaires extérieures et de la coopération Mahamat Kebir Abdoulaye, c’est dans une ambiance empreinte de convivialité que le Président du CEDPE a reçu la diplomate suisse. Après avoir formulé leurs civilités, les deux parties ont abordé dans un langage intelligible quelques questions brûlantes qui relèvent de la transition en cours.
La question des DDR soulève aujourd’hui de nombreuses préoccupations. Avant de rapatrier les politico-militaires réunis à Doha en marge du pré-dialogue en août 2022, le gouvernement et les ex-mouvements politico-militaires avaient pris des engagements de commun accord, actés dans le protocole d’accord de Doha. Pourtant, depuis la fin du Dialogue National Inclusif et Souverain, nombre d’observateurs avisés de la scène politique tchadienne ont assisté, ahuris, à des événements inattendus : des politico-militaires chassés de leurs chambres d’hôtel, d’aucuns dénonçant des tentatives de meurtre, et, la sortie médiatique du président de l’UFR Timane Erdimi le 02 octobre dernier, qui a tenu des propos acérés pour critiquer les manœuvres dolosives et la mauvaise foi des autorités de la transition vis-à-vis des ex-combattants. « Pour ce qui concerne les accords de Doha, aucune avancée majeure n’a été constatée. Le point emblématique de cet accord qui est le désengagement, désarmement et réinsertion (DDR) n’a jamais été évoqué même dans les différentes réunions des décideurs politiques (…) Quand on observe toute -la- cacophonie au sein de l’armée, ajouté à cela les recrutements anarchiques au sein de l’administration publique et des corps paramilitaires, nous pouvons aisément comprendre ce mépris de respect des règles déontologiques et la volonté manifeste de saper le peu d’espoir suscité par la mise en place d’une transition pour donner un souffle nouveau à notre jeune démocratie (…) l’UFR prend à témoin l’opinion nationale et la communauté internationale sur le non-respect des accords de Doha et décide de prendre sa liberté par rapport à ses engagements aux accords de Doha foulés au pied par le Président de la Transition Mahamat Idriss Déby qui portera seul, la responsabilité de cet actuel échec et des engagements de Doha et de la transition » a-t-il tonné devant un parterre de journalistes.
Ces événements qui se sont enchainés au sortir du DNIS mettent à mal la stratégie des DDR prévue, tant le climat de confiance se détériore. La diplomate suisse a encouragé le centre, qui a une expertise avérée en la matière de poursuivre ses habitudes de proposer à la classe dirigeante des solutions appropriées afin d’éviter tout embrasement.
Aussi, Carol Mottet a saisi l’occasion pour livrer à ses hôtes un bref aperçu des interventions suisses au Tchad, surtout en cette phase charnière de son histoire politique. Le Président du CEDPE a attiré son attention sur la nécessité de la prévention de l’extrémisme, la stabilisation et le respect des valeurs démocratiques. Des investissements orientés sur ces grandes thématiques seront très profitables au Tchad, dans la perspective d’asseoir une nation apte à l’émergence.