Le 26 juillet dernier, les éléments de la garde présidentielle nigérienne mène un coup de force au sein du palais présidentiel en retenant captif le président Mohammed Bazoum et se déclarant désormais les nouveaux maitres à bord du navire nigérien. Dans les rues de la capitale, Niamey, des foules en liesse ont exprimé leur joie après l’éviction de leur président élu démocratiquement en 2021, dénonçant ainsi la mainmise de la France dans les affaires nigériennes. L’armée nationale n’aura pas attendu longtemps elle aussi, pour se rallier aux putschistes.
Face à cette situation, la CEDEAO n’est pas restée observatrice. Avec à sa tête le président nigérian Bola Tinubu, l’organisation a cette fois tapé du poing sur la table, elle qui est restée presque figée vis-à-vis du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso. Les sanctions qu’elle avait prises pour asphyxier les putschistes n’ont pas eu d’effets. Il lui a fallu rétropédaler, pour collaborer aujourd’hui avec ces mêmes juntes qui sont restées droites dans leurs bottes.
Le cas du Niger inquiète, car si l’organisation laisse passer cet énième coup de force, elle prouve au monde entier que son influence dans la région est véritablement en berne et qu’elle est devenue l’ombre d’elle-même. D’où, la multiplication de ses nombreuses menaces, d’opérer une action militaire pour frapper la junte et libérer le Président Bazoum dans la perspective de le rétablir dans ses fonctions. Un ultimatum d’une semaine avait été donné à la junte pour céder le pouvoir afin de revenir à l’ordre constitutionnel. Le délai est expiré depuis dimanche 06 août, sans que les auteurs du putsch soient inquiétés. Ils se disent plutôt aptes à répondre vigoureusement face à une attaque étrangère. Ils sont confortés dans leur position par le Mali et la Guinée, qui ont respectivement déclaré une situation de belligérance aux côtés du Niger en cas d’agression.
Pour plus d’un observateur, l’idée de résoudre militairement la situation du Niger est moins préférable et beaucoup trop risquée. De nombreuses organisations encouragent plutôt une approche diplomatique basée sur le dialogue. L’organisation semble pour l’instant tergiverser en ce qui concerne l’option d’une intervention militaire, au vu des nombreux enjeux politiques, sécuritaires et géopolitiques qui se présentent. Obtiendra-t-elle un regain de confiance et d’influence après cet épisode ? Wait and see.
Hakima Adam Idriss
Hakima Adam Idriss