Inondation : N’Djaména, ce géant aquarium en saison de pluie

Lundi 7 Aout 2023

Tous les ans, les mêmes scénarii se répètent quand la saison pluvieuse prend place. N’Djaména, la capitale politique du Tchad, appelée par abus de langage « vitrine de l’Afrique » devient un vaste paysage aquatique impressionnant après quelques pluies. Le phénomène est décrié, mais jamais jugulé.


Illustration, image prise du site de Alwihda Infos
Chaque année, à l’approche des saisons pluvieuses, les N’Djaménois sont sur le qui-vive. L’inquiétude est générale, car la population redoute la cohabitation indésirable avec les eaux. En sus de la misère ambiante, le manque d’électricité, la cherté de vie et le paludisme qui bat son plein, les inondations s’incrustent également dans ce sombre décor faisant de N’Djaména un bel enfer pour le bas peuple.

A l’arrivée des pluies, la quasi-totalité des routes sont impraticables ou du moins difficiles à emprunter. Pour vaquer à leurs occupations, la population patauge ou se livre à des exercices acrobatiques de tout genre. Dans certains quartiers de la capitale, c’est au moyen des pirogues que certaines personnes arrivent à sortir de chez elles. Plus grave, est le cas des habitants des quartiers dits périphériques, qui sont comme coupés du reste du monde pendant les saisons pluvieuses. Il est impossible de se rendre dans ces quartiers et d’en ressortir, compte tenu du fait que les routes disparaissent instantanément après l’enregistrement des premières pluies.

Hélas, la souffrance du peuple n’émeut guère les décideurs, qui vivent en hauteur dans des quartiers résidentiels et huppés de N’Djaména. Engouffrés dans leurs salons feutrés à des températures réglées sur mesure, c’est bien dans cette opulence outrancière qu’ils ignorent royalement les jérémiades des couches défavorisées.

Appel au patriotisme

 Le gouvernement se doit d’être un gouvernement responsable et altruiste vis-à-vis du peuple. Tous les ans, le renfort médiatique aidant, des réunions creuses calquées sur le populisme sont organisées pour faire miroiter aux N’Djaménois de l’espoir. Mais la souffrance continuelle les rappelle la supercherie dont ils ont toujours fait l’objet.

La volonté politique, c’est ce qui manque pour taire définitivement certains maux qui émiettent la quiétude des tchadiens. Le curage des caniveaux ou l’aménagement des bassins de rétention d’eaux chaque année avec des budgets superflus ne donnent pas de résultats probants. Ce sont des activités improductives qui font perdre inutilement de l’argent à l’Etat, à moins qu’il s’agisse d’une ruse savamment fomentée par certaines entités pour s’enrichir illicitement.

Au Nigeria voisin, les inondations pendant les saisons pluvieuses ne sont plus que de lointains souvenirs dans l’esprit des nigérians. Ceux-ci ont mis en place des pipelines stratégiquement de manière à drainer les eaux hors des routes et des centres urbains. De tels procédés sont envisageables au Tchad,  car le pays dispose de ressources humaines capables d’élaborer des plans solides et durables pour la mise en œuvre. Surtout qu’ils n’exigent pas des budgets vertigineux, mais une bonne volonté alimentée par le chauvinisme et le patriotisme.