Et voilà que le Maréchal Kaka Déby fit comme son père, le Maréchal Idriss Déby : il invita Mademoiselle Le Pen. Et là, la toile s’embrasa plus vite qu’un plat de bouillie oublié sur le feu.
Les panafricanistes, qui jusque-là chantaient les louanges de Kaka Déby et l'encourageaient à rejoindre les pays de l'AES, tombèrent de leur nuage. Désillusionnés, ils passèrent de la bénédiction à la malédiction, dénonçant avec fracas l'affrètement de l'avion présidentiel tchadien pour convoyer Mlle Marine Le Pen jusqu'à Amdjarass.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, avec une conclusion qui s’impose à tous : *Kaka Déby doit encore prouver qu’il veut réellement rompre avec le pays qui l’a adoubé lors de sa prise inconstitutionnelle du pouvoir en avril 2021.*
Mais non… il fallait que ça se complique.
Aujourd’hui, ce qui surprend, c’est que certains Tchadiens, plutôt que de saluer le fait que les panafricanistes – ou ceux qui s’en réclament – rejoignent enfin leur analyse, se lancent bruyamment dans la défense de… Kaka Déby lui-même ! Ceux-là mêmes qui, il n’y a pas si longtemps, contestaient sa légitimité. Allez comprendre...
On dirait bien que certains ont développé un nationalisme chauvin, que je finirai bien par appeler*** "nationaliscon" ***si cette étrange passion pour Kaka Deby persistait. Après tout, ce ne serait que l’écho du sobriquet "panafricon" que les zélés de la Françafrique collent aux Africains qui osent critiquer la politique française en Afrique.
Bref, dans cette histoire, les grands gagnants sont clairement Kaka Déby et Marine Le Pen : eux se remplissent les poches pendant que d’autres se remplissent les poumons de colère et de désillusion.
Et ceux qui rêvaient de voir l’avenue Charles De Gaulle rebaptisée, les autres accords coloniaux renégociés ou d'autres gestes symboliques montrant que Kaka Déby veut faire mieux que son père en matière de panafricanisme… eh bien, ils risquent de patienter encore longtemps.
Aussi longtemps que ces pauvres journalistes qui, croyant bien faire en aidant un peu les amis russes au Tchad, se retrouvent aujourd’hui derrière les barreaux, regrettant sans doute de ne pas s’être contentés d’un débat sur les bienfaits du sorgho bio au marché de N’Djamena.
Et moi, j’attends toujours qu’on me dise à quel moment ils vont sortir l’argent de l’or du BET pour investir dans cette région, souffre-douleur et fournisseur de la chair à canon, pour des pouvoirs toujours défendus par des armes mais jamais par les résultats.
Djoret
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