La Direction des affaires politiques et de la gouvernance démocratique de l’OIF et le Timbuktu Institute ont organisé un séminaire sur le thème : « Sahel et Afrique de l’Ouest : Quels nouveaux paradigmes pour la prévention et la résolution des crises multidimensionnelles ?». Ce séminaire s’est tenu en Format Chatham House[1], dans la capitale française, ce mardi 5 décembre de 9h30 à 13H30.
Le principal objectif du séminaire était de disséminer les résultats des travaux effectués en 2022 et 2023 par Timbuktu Institute avec le soutien de l’OIF. Ces travaux ont porté sur la production de notes d’analyse sur 8 pays africains (Bénin, Burkina Faso, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Togo), et la réalisation d’une série de dialogue et d’échanges entre les agents de l’OIF, les experts et les praticiens de l’espace francophone ouest-africains. La finalité étant de promouvoir le développement de la pensée stratégique et la recherche francophone, en créant une connexion entre le monde du savoir et celui de la prise de décisions. Le séminaire s’est déroulé de manière interactive avec la participation des chercheurs qui ont été mobilisés par l’Institut et l’OIF. Ces chercheurs qui sont des experts ont témoigné des évolutions actuelles dans la région en partant des principales conclusions des notes élaborées dans le cadre du projet. L’approche pluridisciplinaire des crises régionales actuelles était au menu des échanges avec une interrogation sur les leçons apprises et les défis à relever. Le séminaire n’a pas perdu de vue des thématiques aussi importantes comme : les Enjeux et défis de la cohésion sociale des communautés ; la Défiance citoyenne en lien avec les transitions politiques ; le Nexus Climat/Environnement/ Sécurité et le défis de paix et de stabilité ; la Défense des droits humains au Sahel ; « Réflexions sur les formes de défiance citoyenne en lien avec les transitions politiques » ; un aperçu sur les crises multidimensionnelles au Sahel et en Afrique de l’Ouest ; les causes profondes et les défis pour la stabilité ; Quelle pertinence du nexus Climat-Sécurité- Développement en Afrique de l’Ouest ? ; les Enjeux climatiques, Migrations et mobilités en Afrique francophone ; les Défis pour un renouvellement des paradigmes. Parmi les experts présents, il ya Bakary Sambe de Timbuktu Institute -Université Gaston Berger de Saint- Louis (Sénégal) ; Pierre Kossi, Chercheur, Togo ; Dr. Aly Tounkara du Centre d’études stratégiques au Sahel – Université de Bamako – Mali ; Dr. Mustafa Abdullah, Chercheur, Koffi Annan Center – Ghana ; Dr. Ahmat Yacoub Dabio, Expert en gestion des conflits, président du Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE). ; Dr. Caroline Roussy, (IRIS)- France ; Mme Binta Sidibé-Gascon (Burkina Faso), Présidente Observatoire Kisal ; Mme Camille Laville, Chercheuse sur le climat et les conflits, Think tank ODI ; Dr. Alimou Diallo, CERAPS – Université de Lille (Guinée).. Le séminaire intervient à la veille du retrait du Niger et de Burkina Faso de G5 Sahel, une annonce qui ne surprend personne surtout pas les observateurs qui suivent de près l’évolution de la situation post putsch dans les trois pays membres du G5 Sahel. La création de l'espace du g5 sahel constitue en elle une erreur stratégique, à en croire certains chercheurs, car ce regroupement a exclu d’autres pays de taille à l’instar du Nigeria, du Ghana….
Bien que ce séminaire suscite un grand intérêt, sa finalité est plus attrayante et nécessite une réflexion plus approfondie. Comment établir une connexion entre le monde de la connaissance et celui de la prise de décisions ? Face à des nombreuses crises dont la complexité et la singularité exigent des méthodes nouvelles, quelle stratégie faut-il mettre en œuvre pour connecter le monde du savoir et celui de la prise de décision ? Est-ce qu'il est obligatoire de s'adapter aux crises pour pouvoir créer cette connexion? » s'est interrogé, Dr. Ahmat Yacoub Dabio. D’aucuns se demandent si la condamnation par la communauté internationale des coups d’état dans les trois pays du Sahel n’a pas précipité la rupture qui a permis aux russes de cueillir ces trois fruits mûrs. Il y a aussi la bifurcation de la jeunesse qui dans les années 90 luttait pour l’instauration de la démocratie et aujourd’hui, ils applaudissent les pouvoirs issus des coups d’état militaires ! Cette situation nécessite une réflexion minutieuse en évitant d'être dans des analyses parcellaires, selon Dr. Bakary qui a recensé huit états en rupture avec la démocratie et 6 dans la transition.
Il s'est également posé la question de la jeunesse qui applaudit aujourd'hui les coups d'État alors qu'elle revendiquait la démocratie dans les années 90. Est-ce que nous sommes confrontés à une panne démocratique et comment est-ce que cela s'est produit? Ce n'est pas un désaveu de la démocratie mais plutôt un questionnement sur la crédibilité du monde occidental en ce qui concerne la démocratie. D’aucuns estiment que les anciens leaders qui ont beau crier pour l’avènement de la démocratie ont échoué d’apporter des solutions satisfaisant la jeunesse qui aspirent à la liberté et au développement à travers les ressources nationalisées. Ils manifestent leur approbation non pour les coups d'État mais pour la purification de la classe politique au pouvoir qui a échoué.
Selon le Dr. Ali Tounkara du Mali, le contrôle de Kidal par l'armée malienne était le point central du problème. Le sentiment anti-français est né dès lors que les militaires maliens ont été empêchés d'entrer à Kidal. Grâce à la conquête de Kidal, l'armée a su gagner la confiance du peuple, mais pour combien de temps?
Malgré tout, dans six mois, les individus influents du terrorisme pourraient être éliminés. Comment l'OIF peut-elle accompagner les états sans se substituer? La faute de la France réside dans le fait de se substituer aux autorités compétentes. Il est peu probable que l'état-major russe fasse paraître un communiqué de presse sur les opérations au Mali. Selon Abdelrahman diko du Niger, l'OIF doit faire un effort pour communiquer sur ce qui se passe et convaincre les autorités de ces trois pays de revenir à la table de négociation afin d’éviter le renforcement du terrorisme.
Il estime que les crises sont le résultat de la faillite du modèle démocratique. La démocratie a échoué à promouvoir le droit, car la majorité des habitants du Niger souhaitent l'arrivée des Russes et l'implantation de bases militaires. Comment la Russie peut-elle jouer un rôle positif là où la France a échoué? En tout cas, la position des partenaires dans l'espace du Sahel se réduit à une confrontation entre deux puissants. Pendant que des représentants russes séjournent au Niger, la nouvelle ambassadrice des États-Unis présente sa lettre de créance au régime militaire dont on ne reconnaît pas le pouvoir. N'est-ce pas une forme de reconnaissance envers le régime militaire? La position des Etats unis est confuse. La promesse de la Russie est claire et alléchante pour les nouvelles autorités militaires à savoir accompagner les autorités dans la répression et contribuer à la reprise des territoires occupés par des terroristes.
Parmi les recommandations : la mise en place des systèmes d'alerte précoce, le renforcement des frontières, apporter une réponse régionale en préservant les institutions régionales, réfléchir sur l'agenda de la Russie en Afrique de l'ouest, l’OIF doit accompagner les états sur la prévention et la gestion des conflits, continuer à conduire des travaux d'analyse en impliquant toutes les couches..
Enfin, le Dr Bakry recommande aux partenaires de prendre le temps d'écouter attentivement. C'est le moment de prendre le temps d'écouter.
** Ce document est un résumé élaboré par le service de la communication du CEDPE à partir des notes, il ne reflète pas intégralité des travaux du séminaires.
Le principal objectif du séminaire était de disséminer les résultats des travaux effectués en 2022 et 2023 par Timbuktu Institute avec le soutien de l’OIF. Ces travaux ont porté sur la production de notes d’analyse sur 8 pays africains (Bénin, Burkina Faso, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Côte d’Ivoire, Togo), et la réalisation d’une série de dialogue et d’échanges entre les agents de l’OIF, les experts et les praticiens de l’espace francophone ouest-africains. La finalité étant de promouvoir le développement de la pensée stratégique et la recherche francophone, en créant une connexion entre le monde du savoir et celui de la prise de décisions. Le séminaire s’est déroulé de manière interactive avec la participation des chercheurs qui ont été mobilisés par l’Institut et l’OIF. Ces chercheurs qui sont des experts ont témoigné des évolutions actuelles dans la région en partant des principales conclusions des notes élaborées dans le cadre du projet. L’approche pluridisciplinaire des crises régionales actuelles était au menu des échanges avec une interrogation sur les leçons apprises et les défis à relever. Le séminaire n’a pas perdu de vue des thématiques aussi importantes comme : les Enjeux et défis de la cohésion sociale des communautés ; la Défiance citoyenne en lien avec les transitions politiques ; le Nexus Climat/Environnement/ Sécurité et le défis de paix et de stabilité ; la Défense des droits humains au Sahel ; « Réflexions sur les formes de défiance citoyenne en lien avec les transitions politiques » ; un aperçu sur les crises multidimensionnelles au Sahel et en Afrique de l’Ouest ; les causes profondes et les défis pour la stabilité ; Quelle pertinence du nexus Climat-Sécurité- Développement en Afrique de l’Ouest ? ; les Enjeux climatiques, Migrations et mobilités en Afrique francophone ; les Défis pour un renouvellement des paradigmes. Parmi les experts présents, il ya Bakary Sambe de Timbuktu Institute -Université Gaston Berger de Saint- Louis (Sénégal) ; Pierre Kossi, Chercheur, Togo ; Dr. Aly Tounkara du Centre d’études stratégiques au Sahel – Université de Bamako – Mali ; Dr. Mustafa Abdullah, Chercheur, Koffi Annan Center – Ghana ; Dr. Ahmat Yacoub Dabio, Expert en gestion des conflits, président du Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE). ; Dr. Caroline Roussy, (IRIS)- France ; Mme Binta Sidibé-Gascon (Burkina Faso), Présidente Observatoire Kisal ; Mme Camille Laville, Chercheuse sur le climat et les conflits, Think tank ODI ; Dr. Alimou Diallo, CERAPS – Université de Lille (Guinée).. Le séminaire intervient à la veille du retrait du Niger et de Burkina Faso de G5 Sahel, une annonce qui ne surprend personne surtout pas les observateurs qui suivent de près l’évolution de la situation post putsch dans les trois pays membres du G5 Sahel. La création de l'espace du g5 sahel constitue en elle une erreur stratégique, à en croire certains chercheurs, car ce regroupement a exclu d’autres pays de taille à l’instar du Nigeria, du Ghana….
Bien que ce séminaire suscite un grand intérêt, sa finalité est plus attrayante et nécessite une réflexion plus approfondie. Comment établir une connexion entre le monde de la connaissance et celui de la prise de décisions ? Face à des nombreuses crises dont la complexité et la singularité exigent des méthodes nouvelles, quelle stratégie faut-il mettre en œuvre pour connecter le monde du savoir et celui de la prise de décision ? Est-ce qu'il est obligatoire de s'adapter aux crises pour pouvoir créer cette connexion? » s'est interrogé, Dr. Ahmat Yacoub Dabio. D’aucuns se demandent si la condamnation par la communauté internationale des coups d’état dans les trois pays du Sahel n’a pas précipité la rupture qui a permis aux russes de cueillir ces trois fruits mûrs. Il y a aussi la bifurcation de la jeunesse qui dans les années 90 luttait pour l’instauration de la démocratie et aujourd’hui, ils applaudissent les pouvoirs issus des coups d’état militaires ! Cette situation nécessite une réflexion minutieuse en évitant d'être dans des analyses parcellaires, selon Dr. Bakary qui a recensé huit états en rupture avec la démocratie et 6 dans la transition.
Il s'est également posé la question de la jeunesse qui applaudit aujourd'hui les coups d'État alors qu'elle revendiquait la démocratie dans les années 90. Est-ce que nous sommes confrontés à une panne démocratique et comment est-ce que cela s'est produit? Ce n'est pas un désaveu de la démocratie mais plutôt un questionnement sur la crédibilité du monde occidental en ce qui concerne la démocratie. D’aucuns estiment que les anciens leaders qui ont beau crier pour l’avènement de la démocratie ont échoué d’apporter des solutions satisfaisant la jeunesse qui aspirent à la liberté et au développement à travers les ressources nationalisées. Ils manifestent leur approbation non pour les coups d'État mais pour la purification de la classe politique au pouvoir qui a échoué.
Selon le Dr. Ali Tounkara du Mali, le contrôle de Kidal par l'armée malienne était le point central du problème. Le sentiment anti-français est né dès lors que les militaires maliens ont été empêchés d'entrer à Kidal. Grâce à la conquête de Kidal, l'armée a su gagner la confiance du peuple, mais pour combien de temps?
Malgré tout, dans six mois, les individus influents du terrorisme pourraient être éliminés. Comment l'OIF peut-elle accompagner les états sans se substituer? La faute de la France réside dans le fait de se substituer aux autorités compétentes. Il est peu probable que l'état-major russe fasse paraître un communiqué de presse sur les opérations au Mali. Selon Abdelrahman diko du Niger, l'OIF doit faire un effort pour communiquer sur ce qui se passe et convaincre les autorités de ces trois pays de revenir à la table de négociation afin d’éviter le renforcement du terrorisme.
Il estime que les crises sont le résultat de la faillite du modèle démocratique. La démocratie a échoué à promouvoir le droit, car la majorité des habitants du Niger souhaitent l'arrivée des Russes et l'implantation de bases militaires. Comment la Russie peut-elle jouer un rôle positif là où la France a échoué? En tout cas, la position des partenaires dans l'espace du Sahel se réduit à une confrontation entre deux puissants. Pendant que des représentants russes séjournent au Niger, la nouvelle ambassadrice des États-Unis présente sa lettre de créance au régime militaire dont on ne reconnaît pas le pouvoir. N'est-ce pas une forme de reconnaissance envers le régime militaire? La position des Etats unis est confuse. La promesse de la Russie est claire et alléchante pour les nouvelles autorités militaires à savoir accompagner les autorités dans la répression et contribuer à la reprise des territoires occupés par des terroristes.
Parmi les recommandations : la mise en place des systèmes d'alerte précoce, le renforcement des frontières, apporter une réponse régionale en préservant les institutions régionales, réfléchir sur l'agenda de la Russie en Afrique de l'ouest, l’OIF doit accompagner les états sur la prévention et la gestion des conflits, continuer à conduire des travaux d'analyse en impliquant toutes les couches..
Enfin, le Dr Bakry recommande aux partenaires de prendre le temps d'écouter attentivement. C'est le moment de prendre le temps d'écouter.
** Ce document est un résumé élaboré par le service de la communication du CEDPE à partir des notes, il ne reflète pas intégralité des travaux du séminaires.
[1] La Règle de Chatham House est conçue pour promouvoir l’ouverture de la discussion sur les politiques publiques et les affaires courantes, car elle permet aux gens d’exprimer et de discuter des opinions et des arguments controversés sans subir de risque pour leur carrière, et en se séparant clairement de l’opinion et du point de vue de leur employeur. Wikipédia, https://en.wikipedia.org/wiki/Chatham_House_Rule