- L’assistance technique française
Après l’indépendance, le Tchad a lancé l’Africanisation puis la « Tchadinisation » qui était en marche mais de très nombreux postes étaient encore tenus par des fonctionnaires français de l’Assistance technique française, notamment toutes les préfectures et six sous-préfectures sur douze, de même que la totalité du service de santé, la gendarmerie, une grande partie de l’enseignement, de l’agriculture, etc. Il faut noter que les administrateurs français ne rencontraient pas des difficultés dans l’exercice de leur fonction et leur plus grande garantie réside surtout dans la réticence manifestée par la plupart des parlementaires qui craignent une africanisation trop rapide des postes de commandement. Certains de ces fonctionnaires, d’ailleurs depuis longtemps dans le pays, entretiennent des relations personnelles avec les membres du gouvernement, c’est le cas de Picquier, préfet du Logone, Martin, sous-préfet de Baïbokoum, Courty, sous-préfet de Bongor. Quant aux autres, ils évitent le plus possible les embûches de la politique locale en se bornant à faire de l’administration. Mais il faut signaler que dans le cadre de la politique de l’africanisation, les postes des Français en congés ou à la suite d’intégration dans les cadres métropolitains sont au fur et à mesure africanisés. S’agissant des cadres techniques, ils se heurtent à des difficultés sans cesse accrues auprès d’un personnel d’exécution africain, que ne tempère pas la possibilité d’accession rapide aux fonctions de direction et qui supporte de moins en moins une autorité quelconque, surtout lorsqu’elle est exercée par des Européens. Les cadres techniques français qualifient les fonctionnaires tchadiens de « fainéants » et ils donnent d’exemple : « les infirmiers du Groupe Mobile N°4 de Moundou, [alors] en pleine épidémie de méningite cérébro-spinale demandaient un car à la place des camions utilisés d’habitude pour se rendre en tournée de vaccination et de traitement ou encore le jour de l’Eïd es seghir (fête de Mouton) à Bongor, même les infirmiers protestants et catholiques se sont abstenus de paraître à l’hôpital »[[1]]url:#_ftn1 . Les cadres techniques ne comprennent pas pourquoi de protestants et catholiques considèrent la fête musulmane comme étant un jour férié ?
Peut-on qualifier tout un peuple de fainéant ? On constate une exagération de la part du personnel français si l’on sait que la France reconnaît avoir utilisé des Tchadiens pour construire le chemin de fer Congo-Océan. Si l’on sait aussi que le travail forcé provoqua des milliers de morts, généralement de tchadiens !
D’autre part, la revendication des agents de la santé de Moundou s’avère être logique et doit être considérée comme une prise de conscience des personnes autrefois soumises. Car comment peut-on imaginer qu’un hôpital central d’une ville aussi importante comme Moundou (troisième capitale du Tchad) pourrait manquer — après plus de soixante années de colonisation - d’un simple véhicule ? Surtout si l’on sait que les blancs, responsables de l’hôpital, utilisent les véhicules du service pour leurs loisirs (chasses, promenades etc.) ! Peut-on qualifier des fainéants les salariés français qui sortent dans les rues pour exprimer leur revendication ? En réalité, ce comportement du grand personnel blanc est digne d’un autre âge et peut être interprété de racisme. Généralement, les anciens colons formant le grand personnel blanc en Afrique voient d’un mauvais œil l’indépendance. Ils préfèrent continuer à être servi par des nègres qu’on a l’habitude de leurs imposer une ligne de conduite bien définie.
L’indépendance a créé une sorte de psychose dans les milieux des anciens colons et une euphorie exagérée chez les nègres. Tous les fonctionnaires français des cadres techniques au Tchad se plaignaient (après l’indépendance) des difficultés rencontrées dans l’exécution de leur mission. Ils trouvent l’attitude du petit personnel tchadien systématiquement hostile, parce qu’assuré de l’impunité, il ne met aucune ardeur à effectuer son travail.
https://www.amazon.fr/France-partenariat-Ahmat-Yacoub-Dabio/dp/B08KH3TM4N
Peut-on qualifier tout un peuple de fainéant ? On constate une exagération de la part du personnel français si l’on sait que la France reconnaît avoir utilisé des Tchadiens pour construire le chemin de fer Congo-Océan. Si l’on sait aussi que le travail forcé provoqua des milliers de morts, généralement de tchadiens !
D’autre part, la revendication des agents de la santé de Moundou s’avère être logique et doit être considérée comme une prise de conscience des personnes autrefois soumises. Car comment peut-on imaginer qu’un hôpital central d’une ville aussi importante comme Moundou (troisième capitale du Tchad) pourrait manquer — après plus de soixante années de colonisation - d’un simple véhicule ? Surtout si l’on sait que les blancs, responsables de l’hôpital, utilisent les véhicules du service pour leurs loisirs (chasses, promenades etc.) ! Peut-on qualifier des fainéants les salariés français qui sortent dans les rues pour exprimer leur revendication ? En réalité, ce comportement du grand personnel blanc est digne d’un autre âge et peut être interprété de racisme. Généralement, les anciens colons formant le grand personnel blanc en Afrique voient d’un mauvais œil l’indépendance. Ils préfèrent continuer à être servi par des nègres qu’on a l’habitude de leurs imposer une ligne de conduite bien définie.
L’indépendance a créé une sorte de psychose dans les milieux des anciens colons et une euphorie exagérée chez les nègres. Tous les fonctionnaires français des cadres techniques au Tchad se plaignaient (après l’indépendance) des difficultés rencontrées dans l’exécution de leur mission. Ils trouvent l’attitude du petit personnel tchadien systématiquement hostile, parce qu’assuré de l’impunité, il ne met aucune ardeur à effectuer son travail.
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[[1]]url:#_ftnref1 Rapport de Chameil Conseiller-Délégué, op, cit, p13-15.