La place du genre dans la prévention de l’extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme.
Par : ABAKAR DJIBRINE AHMAT
Stagiaire au CEDPE.
Résumé
Dans un contexte où notre pays est en pleine expansion, nous observons simultanément une augmentation des actes d'incivilité, des contre-valeurs et d'un esprit de prédation. Cet article vise à sensibiliser et responsabiliser les citoyens, en les incitant à comprendre, assimiler et intégrer les valeurs fondamentales de notre nation dans leur vie quotidienne. À travers une analyse des dynamiques sociétales et des mécanismes de prévention, cet article explore les moyens de promouvoir un comportement citoyen responsable et de lutter contre les dérives vers l’extrémisme violent et le terrorisme. Il souligne également l'importance du genre dans ces processus, en mettant en lumière le rôle crucial des femmes et des jeunes dans la prévention de ces phénomènes.
Mots clés : genre, prévention, extrémisme violent, terrorisme.
Introduction
La lutte contre l’extrémisme violent et la prévention de celui-ci sont des concepts complexes et nuancés qui ne bénéficient pas d’une définition universellement acceptée au niveau international. De manière générale, la prévention de l’extrémisme violent consiste à prendre des mesures proactives fondées sur une compréhension approfondie des facteurs sociaux, économiques, politiques et psychologiques qui incitent les individus à s’engager dans des actes d’extrémisme violent. Ces mesures de prévention visent à identifier et à atténuer les vulnérabilités au sein des communautés avant qu'elles ne conduisent à des actes de violence[1].
La prévention de l’extrémisme violent complète les mesures de lutte contre le terrorisme, lesquelles sont principalement menées par les forces étatiques chargées de l’application de la loi, les services de renseignement et, dans certains cas, les forces armées. Ces dernières se concentrent sur la détection, l'interruption et la neutralisation des menaces immédiates. Cependant, la lutte contre l’extrémisme violent va au-delà de cette approche réactive ; elle cherche à s'attaquer aux racines du problème pour empêcher l'émergence de nouvelles menaces.
La radicalisation menant à la violence décrit le processus par lequel un individu adopte progressivement un ensemble de croyances et d’aspirations extrémistes, souvent en réponse à des expériences de marginalisation, d'injustice ou de désespoir. Ce processus peut être influencé par divers facteurs, notamment l'exposition à des idéologies radicales, la dynamique de groupe, ou l'influence des réseaux sociaux.
La prévention de l’extrémisme violent cherche à renforcer la résilience des individus et des communautés face à ces influences néfastes. Cela inclut des initiatives éducatives, des programmes de soutien psychologique, des efforts pour promouvoir l'inclusion sociale et des dialogues intercommunautaires visant à favoriser la compréhension mutuelle. En renforçant le tissu social et en offrant des alternatives constructives, ces mesures de prévention peuvent réduire l'attrait de l'extrémisme violent et contribuer à la stabilité et à la paix à long terme.
Par : ABAKAR DJIBRINE AHMAT
Stagiaire au CEDPE.
Résumé
Dans un contexte où notre pays est en pleine expansion, nous observons simultanément une augmentation des actes d'incivilité, des contre-valeurs et d'un esprit de prédation. Cet article vise à sensibiliser et responsabiliser les citoyens, en les incitant à comprendre, assimiler et intégrer les valeurs fondamentales de notre nation dans leur vie quotidienne. À travers une analyse des dynamiques sociétales et des mécanismes de prévention, cet article explore les moyens de promouvoir un comportement citoyen responsable et de lutter contre les dérives vers l’extrémisme violent et le terrorisme. Il souligne également l'importance du genre dans ces processus, en mettant en lumière le rôle crucial des femmes et des jeunes dans la prévention de ces phénomènes.
Mots clés : genre, prévention, extrémisme violent, terrorisme.
Introduction
La lutte contre l’extrémisme violent et la prévention de celui-ci sont des concepts complexes et nuancés qui ne bénéficient pas d’une définition universellement acceptée au niveau international. De manière générale, la prévention de l’extrémisme violent consiste à prendre des mesures proactives fondées sur une compréhension approfondie des facteurs sociaux, économiques, politiques et psychologiques qui incitent les individus à s’engager dans des actes d’extrémisme violent. Ces mesures de prévention visent à identifier et à atténuer les vulnérabilités au sein des communautés avant qu'elles ne conduisent à des actes de violence[1].
La prévention de l’extrémisme violent complète les mesures de lutte contre le terrorisme, lesquelles sont principalement menées par les forces étatiques chargées de l’application de la loi, les services de renseignement et, dans certains cas, les forces armées. Ces dernières se concentrent sur la détection, l'interruption et la neutralisation des menaces immédiates. Cependant, la lutte contre l’extrémisme violent va au-delà de cette approche réactive ; elle cherche à s'attaquer aux racines du problème pour empêcher l'émergence de nouvelles menaces.
La radicalisation menant à la violence décrit le processus par lequel un individu adopte progressivement un ensemble de croyances et d’aspirations extrémistes, souvent en réponse à des expériences de marginalisation, d'injustice ou de désespoir. Ce processus peut être influencé par divers facteurs, notamment l'exposition à des idéologies radicales, la dynamique de groupe, ou l'influence des réseaux sociaux.
La prévention de l’extrémisme violent cherche à renforcer la résilience des individus et des communautés face à ces influences néfastes. Cela inclut des initiatives éducatives, des programmes de soutien psychologique, des efforts pour promouvoir l'inclusion sociale et des dialogues intercommunautaires visant à favoriser la compréhension mutuelle. En renforçant le tissu social et en offrant des alternatives constructives, ces mesures de prévention peuvent réduire l'attrait de l'extrémisme violent et contribuer à la stabilité et à la paix à long terme.
·Dans quelle mesure une perspective de genre améliore-t-elle notre compréhension de l’extrémisme violent et du terrorisme ?
Les facteurs qui poussent à l’extrémisme violent sont nombreux et souvent interdépendants, se répartissant généralement en deux grandes catégories : les facteurs d’incitation et les facteurs d’attraction. Parmi les facteurs structurels d’incitation, on trouve la marginalisation, la discrimination, l’exclusion socioéconomique et politique, les conflits prolongés non résolus, la mauvaise gouvernance, et les violations des droits humains et de l’état de droit. Les facteurs individuels d’attraction, quant à eux, sont souvent exploités dans les tactiques de recrutement ; ils incluent des perspectives immédiates et futures d’un emploi stable, l’attrait social, idéologique et politique, ainsi que des avantages ou récompenses socioéconomiques[2].
Le terme « genre » se réfère aux rôles, attributs, possibilités et normes qu’une société attribue au sexe biologique à un moment donné. Il influence les relations de pouvoir entre les individus, affectant l’accès aux ressources, le contrôle de celles-ci, les responsabilités attribuées et les possibilités de prise de décision. Le genre ne concerne pas seulement les femmes et les inégalités structurelles mais englobe également les hommes et les concepts de masculinité.
Encadré : Prévention de l’extrémisme violent, lutte contre l’extrémisme violent et lutte contre le terrorisme
La lutte contre l’extrémisme violent et sa prévention sont des concepts controversés, sans définition universellement acceptée. La prévention consiste généralement à adopter des mesures proactives basées sur une compréhension des facteurs sous-jacents qui poussent à l’extrémisme violent. Elle complète les mesures de lutte contre le terrorisme, principalement menées par les forces de l’ordre, les services de renseignement et, parfois, les forces armées. En revanche, la lutte contre l’extrémisme violent, tout comme celle contre le terrorisme, est une réponse aux actes d’extrémisme violent qui peuvent, ou non, mener à des actes terroristes. La radicalisation menant à la violence est le processus par lequel un individu adopte des croyances et des aspirations de plus en plus extrémistes et violentes. La prévention vise à renforcer la résilience des individus et des communautés face à ces influences et à leurs tactiques de recrutement.
La perspective de genre enrichit notre compréhension de l’extrémisme violent en mettant en lumière comment les constructions de genre influencent la susceptibilité des individus à ces phénomènes. Par exemple, des stéréotypes hyper-masculins sont souvent utilisés par les groupes extrémistes pour exploiter les frustrations et les griefs chez les hommes, les incitant à adopter des voies violentes pour « valider » leur masculinité. Les groupes extrémistes, comme l’État islamique, ont exploité les attentes frustrées liées au genre pour recruter à la fois des femmes et des hommes, en s’appuyant sur des représentations et des rôles genrés spécifiques.
Le terme « genre » se réfère aux rôles, attributs, possibilités et normes qu’une société attribue au sexe biologique à un moment donné. Il influence les relations de pouvoir entre les individus, affectant l’accès aux ressources, le contrôle de celles-ci, les responsabilités attribuées et les possibilités de prise de décision. Le genre ne concerne pas seulement les femmes et les inégalités structurelles mais englobe également les hommes et les concepts de masculinité.
Encadré : Prévention de l’extrémisme violent, lutte contre l’extrémisme violent et lutte contre le terrorisme
La lutte contre l’extrémisme violent et sa prévention sont des concepts controversés, sans définition universellement acceptée. La prévention consiste généralement à adopter des mesures proactives basées sur une compréhension des facteurs sous-jacents qui poussent à l’extrémisme violent. Elle complète les mesures de lutte contre le terrorisme, principalement menées par les forces de l’ordre, les services de renseignement et, parfois, les forces armées. En revanche, la lutte contre l’extrémisme violent, tout comme celle contre le terrorisme, est une réponse aux actes d’extrémisme violent qui peuvent, ou non, mener à des actes terroristes. La radicalisation menant à la violence est le processus par lequel un individu adopte des croyances et des aspirations de plus en plus extrémistes et violentes. La prévention vise à renforcer la résilience des individus et des communautés face à ces influences et à leurs tactiques de recrutement.
La perspective de genre enrichit notre compréhension de l’extrémisme violent en mettant en lumière comment les constructions de genre influencent la susceptibilité des individus à ces phénomènes. Par exemple, des stéréotypes hyper-masculins sont souvent utilisés par les groupes extrémistes pour exploiter les frustrations et les griefs chez les hommes, les incitant à adopter des voies violentes pour « valider » leur masculinité. Les groupes extrémistes, comme l’État islamique, ont exploité les attentes frustrées liées au genre pour recruter à la fois des femmes et des hommes, en s’appuyant sur des représentations et des rôles genrés spécifiques.
·Comment l’État islamique a-t-il influencé les rôles de genre dans ses campagnes de recrutement ?
Traditionnellement, les jeunes hommes instruits mais sans emploi, dont l’avenir semble incertain, sont les plus susceptibles d'être recrutés par des groupes extrémistes violents. Cependant, l’État islamique (également connu sous les noms de Daech ou EIIL) a su attirer de jeunes hommes issus de milieux urbains en présentant ses combattants comme de « véritables » hommes, honorables et protecteurs de leur communauté. Le groupe terroriste a promis à ces recrues un revenu mensuel, une femme et un foyer – des marqueurs traditionnels du passage à l’âge adulte que beaucoup de jeunes hommes peinaient à atteindre. Les femmes recrutées, quant à elles, ont été attirées par la promesse d’être « libérées » des normes morales perçues comme issues de la « culture des salons de beauté » occidentale, et par la possibilité de pratiquer leur religion sans discrimination. L’État islamique dépeint les femmes comme complémentaires mais inférieures aux hommes, et moralement et socialement supérieures aux femmes occidentales. Cette vision a séduit des femmes frustrées par les attentes de genre imposées par la société occidentale.
La majorité des actes de violence extrémiste sont perpétrés par des hommes, mais les femmes et les filles, traditionnellement perçues comme plus enclines à soutenir ou à favoriser la violence extrémiste, commencent également à jouer un rôle actif dans ces violences. Par exemple, dans la région du lac Tchad, les trois quarts des enfants kamikazes sont des filles. Une analyse de genre révèle que ce phénomène est lié à l’exploitation des inégalités structurelles de genre, qui priveraient les filles de perspectives d’autonomie et les rendraient particulièrement vulnérables à la coercition. Une perspective de genre devrait également inclure les personnes avec des orientations sexuelles et des identités de genre diverses, qui sont également ciblées par la violence extrémiste. Récemment, l’État islamique a exécuté des personnes suspectées d’homosexualité. Comprendre l’impact des normes de genre sur les décisions et comportements peut aider à contrer les influences menant à la radicalisation violente et à créer des communautés résistantes à ces influences.
En cas de violence dans une communauté, la police est souvent perçue comme le « visage de l’État ». Cependant, les messages extrémistes exploitent souvent les griefs contre les acteurs du secteur de la sécurité. La police de proximité ne doit pas être réduite à une simple collecte de renseignements, ce qui pourrait la faire percevoir comme un outil d’« espionnage ». Son efficacité repose plutôt sur un partenariat solide entre la police et la population, fondé sur des valeurs communes, où les programmes sont conçus, mis en œuvre et évalués en collaboration. La coopération avec des organisations de la société civile (OSC) indépendantes et fiables peut établir un climat de confiance en « humanisant » la police et améliorer la crédibilité des programmes de prévention de l’extrémisme violent. Il est crucial, en particulier, d’intégrer davantage de policières pour établir un dialogue avec les populations marginalisées, développer des partenariats et inspirer confiance. Par exemple, au Kosovo, après des ateliers sur la prévention de l’extrémisme violent, des policières ont collaboré avec des leaders religieux pour intervenir dans plusieurs affaires. Dans divers contextes, il a été observé que les policières réussissent mieux à désamorcer les situations tendues et à éviter l’usage excessif de la force. Une force de police plus représentative, incluant un nombre accru de policières et d’autres groupes sous-représentés, peut renforcer la capacité à détecter précocement les comportements violents. Les femmes dans des conseils consultatifs citoyens ou des organes représentatifs informels peuvent également jouer un rôle crucial en travaillant avec la police. En Norvège, des « équipes de police de proximité issues des minorités » ont régulièrement réuni des femmes de groupes minoritaires pour discuter de sujets variés, notamment l’extrémisme violent, l’égalité des genres et les droits civiques. Ces initiatives auraient contribué à empêcher plusieurs jeunes hommes de se radicaliser davantage et de rejoindre l’État islamique en Syrie en 2015[3].
La majorité des actes de violence extrémiste sont perpétrés par des hommes, mais les femmes et les filles, traditionnellement perçues comme plus enclines à soutenir ou à favoriser la violence extrémiste, commencent également à jouer un rôle actif dans ces violences. Par exemple, dans la région du lac Tchad, les trois quarts des enfants kamikazes sont des filles. Une analyse de genre révèle que ce phénomène est lié à l’exploitation des inégalités structurelles de genre, qui priveraient les filles de perspectives d’autonomie et les rendraient particulièrement vulnérables à la coercition. Une perspective de genre devrait également inclure les personnes avec des orientations sexuelles et des identités de genre diverses, qui sont également ciblées par la violence extrémiste. Récemment, l’État islamique a exécuté des personnes suspectées d’homosexualité. Comprendre l’impact des normes de genre sur les décisions et comportements peut aider à contrer les influences menant à la radicalisation violente et à créer des communautés résistantes à ces influences.
En cas de violence dans une communauté, la police est souvent perçue comme le « visage de l’État ». Cependant, les messages extrémistes exploitent souvent les griefs contre les acteurs du secteur de la sécurité. La police de proximité ne doit pas être réduite à une simple collecte de renseignements, ce qui pourrait la faire percevoir comme un outil d’« espionnage ». Son efficacité repose plutôt sur un partenariat solide entre la police et la population, fondé sur des valeurs communes, où les programmes sont conçus, mis en œuvre et évalués en collaboration. La coopération avec des organisations de la société civile (OSC) indépendantes et fiables peut établir un climat de confiance en « humanisant » la police et améliorer la crédibilité des programmes de prévention de l’extrémisme violent. Il est crucial, en particulier, d’intégrer davantage de policières pour établir un dialogue avec les populations marginalisées, développer des partenariats et inspirer confiance. Par exemple, au Kosovo, après des ateliers sur la prévention de l’extrémisme violent, des policières ont collaboré avec des leaders religieux pour intervenir dans plusieurs affaires. Dans divers contextes, il a été observé que les policières réussissent mieux à désamorcer les situations tendues et à éviter l’usage excessif de la force. Une force de police plus représentative, incluant un nombre accru de policières et d’autres groupes sous-représentés, peut renforcer la capacité à détecter précocement les comportements violents. Les femmes dans des conseils consultatifs citoyens ou des organes représentatifs informels peuvent également jouer un rôle crucial en travaillant avec la police. En Norvège, des « équipes de police de proximité issues des minorités » ont régulièrement réuni des femmes de groupes minoritaires pour discuter de sujets variés, notamment l’extrémisme violent, l’égalité des genres et les droits civiques. Ces initiatives auraient contribué à empêcher plusieurs jeunes hommes de se radicaliser davantage et de rejoindre l’État islamique en Syrie en 2015[3].
·Minimiser les Conséquences Négatives Distinctes selon le Genre des Activités de Prévention et de Lutte
Les efforts visant à mobiliser les femmes, les organisations féminines et les OSC pour prévenir l’extrémisme violent et lutter contre le terrorisme présentent des risques notables. Ils peuvent entraîner l’essentialisation et l’instrumentalisation des femmes, ainsi que compromettre leur réputation et leur sécurité. Dans les communautés ayant subi des abus de la part des autorités lors des opérations antiterroristes, les alliances avec les pouvoirs publics peuvent être perçues comme une trahison. Les femmes assumant des rôles publics peuvent se voir davantage exposées aux représailles, notamment si elles semblent contester les normes de genre traditionnelles. Ce risque est encore accru lorsque les OSC sont prises en étau entre des gouvernements répressifs et des groupes extrémistes violents, dans un espace civique de plus en plus restreint.
Pour éviter ces « conséquences néfastes distinctes selon le genre » dans les activités de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme, il est essentiel que les femmes puissent participer librement aux initiatives de prévention selon leurs propres termes. Il est également crucial d’intégrer des femmes issues des communautés locales ou des OSC féminines dans la conception et la mise en œuvre des politiques et programmes de prévention. Leurs perspectives, expériences et connaissances locales doivent être pleinement prises en compte à tous les niveaux (voir pages 8, 9 et 10). Ces aspects doivent également être considérés dans les politiques internationales en matière de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme.
Un exemple flagrant est celui des mesures antiterroristes en Afghanistan, présentées par le gouvernement des États-Unis comme une défense des « droits des femmes ». Cette approche a sapé les avancées réalisées par les féministes afghanes musulmanes, en les faisant passer pour « pro-occidentales » et donc antimusulmanes. Il est donc impératif d'engager un dialogue authentique avec les organisations féminines locales et nationales, en tenant compte de leurs perspectives lors de l'élaboration des politiques concernant leurs pays et communautés.
Pour éviter ces « conséquences néfastes distinctes selon le genre » dans les activités de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme, il est essentiel que les femmes puissent participer librement aux initiatives de prévention selon leurs propres termes. Il est également crucial d’intégrer des femmes issues des communautés locales ou des OSC féminines dans la conception et la mise en œuvre des politiques et programmes de prévention. Leurs perspectives, expériences et connaissances locales doivent être pleinement prises en compte à tous les niveaux (voir pages 8, 9 et 10). Ces aspects doivent également être considérés dans les politiques internationales en matière de prévention de l’extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme.
Un exemple flagrant est celui des mesures antiterroristes en Afghanistan, présentées par le gouvernement des États-Unis comme une défense des « droits des femmes ». Cette approche a sapé les avancées réalisées par les féministes afghanes musulmanes, en les faisant passer pour « pro-occidentales » et donc antimusulmanes. Il est donc impératif d'engager un dialogue authentique avec les organisations féminines locales et nationales, en tenant compte de leurs perspectives lors de l'élaboration des politiques concernant leurs pays et communautés.
·Renforcer la Capacité à Intégrer une Perspective de Genre chez les Acteurs du Secteur de la Sécurité
- Analyse de Genre : Il est crucial de réaliser une analyse de genre complète pour comprendre les facteurs et les impacts des actes extrémistes violents, ainsi que pour concevoir, mettre en œuvre, suivre et évaluer les programmes de prévention de l'extrémisme violent et de lutte contre le terrorisme. Les données collectées doivent être décomposées selon divers marqueurs de diversité (sexe, âge, etc.) pour assurer une analyse précise et inclusive.
- Renforcement des Capacités : Des mesures doivent être mises en place pour améliorer la capacité du personnel à réaliser ces analyses et, plus généralement, à intégrer une perspective de genre dans leurs activités. Le renforcement des capacités doit couvrir à la fois les valeurs (égalité des genres, liberté de religion, droits des personnes LGBTI, etc.) et les compétences (analyse de genre, aptitudes au dialogue avec les communautés). Des groupes de femmes, des OSC et des spécialistes académiques peuvent être sollicités pour fournir des perspectives spécifiques et une expertise technique[4].
- Diversité au sein des Équipes : Les équipes engagées dans la prévention de l'extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme au sein du secteur de la sécurité doivent être diversifiées. Cela inclut la présence de policières, d'agents LGBTI, et de personnes issues de minorités ethniques et religieuses, afin de mieux représenter les populations servies. Les instances dirigeantes du secteur de la sécurité doivent manifester un engagement clair et visible en faveur de la protection et de la promotion des droits humains, y compris l'égalité des genres, dans le cadre de la prévention de l'extrémisme violent et de la lutte contre le terrorisme. Les responsables doivent promouvoir une éthique où les institutions reconnaissent leur devoir de servir toutes les populations dans leur diversité, de construire la confiance et de favoriser le dialogue[5].
Conclusion
En résumé, cette synthèse, basée sur des recherches factuelles, a démontré les raisons juridiques et pratiques pour lesquelles les acteurs du secteur de la justice et de la sécurité doivent intégrer une perspective de genre à chaque étape de la prévention de l’extrémisme violent et de la lutte contre le terrorisme. Au cours des dix dernières années, l’évolution des méthodes de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent a entraîné un risque accru de violations des droits humains. Une perspective de genre est essentielle pour comprendre et prévenir certaines de ces violations. Il est désormais reconnu que le genre est une dimension clé pour comprendre et contrer l’extrémisme violent et le terrorisme.
Cette note de synthèse propose des stratégies pour intégrer une perspective de genre dans divers domaines : le droit pénal et les processus judiciaires, l’élaboration des politiques, la collaboration avec la société civile, le renforcement des capacités du secteur de la sécurité, et le dialogue avec les communautés. Les mesures concrètes présentées offrent aux acteurs étatiques des pistes pratiques pour prévenir l’extrémisme violent et lutter contre le terrorisme de manière plus efficace.
[1] Harper E., « Reconceptualizing the drivers of violent extremism: An agenda for child and youth resilience », Lausanne : Terre des hommes et WANA Institute, 2018, p. 14-15 ; Holmer G., « Countering violent extremism: A peacebuilding perspective », U.S. Institute for Peace Special Report 336, Washington : USIP, 2013, p. 2-3 ; Neumann P. R., « Countering violent extremism and radicalisation that lead to terrorism: Ideas, recommendations, and good practices from the OSCE region », Vienne : OSCE, 2017, p. 24-28 ; Von Hippel K., « The role of poverty in radicalization and terrorism », dans Gottlieb S. (dir.), Debating Terrorism and Counterterrorism: Conflicting Perspectives on Causes, Contexts and Responses, Washington : CQ Press, 2010.
[2]Ní Aoláin F., « The complexity and challenges of addressing conditions conducive to terrorism », dans Nowak M. et Charbord A. (dir.), Using Human Rights to Counter Terrorism, Cheltenham : Edward Elgar Publishing, 2018, p. 187.
[3] 22. Ibid., p. 85-88.
[4]Amrita Kapur, avec la participation de Callum Watson et d’Anna-Lena Schluchter
[5] Harper E., « Reconceptualizing the drivers of violent extremism: An agenda for child and youth resilience », Lausanne : Terre des hommes et WANA Institute, 2018, p. 14-