Par : Parfait KAGONBE,
Chercheur au Centre d’Études pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme, (Doctorant en Sociologie Anthropologie de l’Éducation à l’Université de Yaoundé1).
Résume
Respectueusement appelés "boys" pour les hommes et "bonnes" pour les femmes, ces domestiques sont omniprésents dans de nombreux foyers urbains de N'Djamena depuis longtemps. Souvent recrutés pour un salaire de misère, compris entre 30 000 et 50 000 francs CFA, ils effectuent de multiples tâches à la fois, notamment le ménage, la cuisine, la lessive, la garde des enfants, le soin aux personnes âgées ou malades, le jardinage, et même le gardiennage. Malheureusement, ces travailleurs sont démunis en termes de droits et de protection sociale[[1]]url:#_ftn1 .
La problématique de la maltraitance des employés domestiques, ou "boys" pour certains au Tchad, persiste et nécessite une attention particulière. Les employés domestiques, souvent des jeunes filles, sont vulnérables aux abus et à l'exploitation de la part de leurs employeurs. Cette maltraitance des employés domestiques au Tchad est une problématique qui requiert une action urgente. Il est essentiel de mettre en place des mesures de prévention, de sensibilisation et de protection pour aider à mettre fin à cette forme d'abus et à fournir une meilleure protection aux employés domestiques.
La maltraitance des employés domestiques au Tchad se manifeste sous différentes formes : abus physiques, psychologiques et sexuels.
Mots clés : maltraitance des employés domestiques
Introduction
La problématique de la maltraitance des employés domestiques au Tchad est un problème persistant qui nécessite une attention particulière. Les employés domestiques, souvent des jeunes filles, sont vulnérables aux abus et à l’exploitation de la part de leurs employeurs. La maltraitance de ces travailleurs se manifeste sous différentes formes : abus physiques, psychologiques et sexuels.
Les employés domestiques sont souvent soumis à de longues heures de travail sans repos adéquat, à des conditions de vie insalubres, à des salaires insuffisants, voire à aucune rémunération, et à un manque de respect et de considération de la part de leurs employeurs. De plus, ils sont souvent victimes de discriminations et d’exclusion sociale, ce qui limite leurs possibilités de trouver de l’aide et de se protéger contre les abus.
Cette problématique a des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale des victimes, ainsi que sur leur développement personnel et leur intégration sociale. Elle perpétue également un cercle vicieux de pauvreté, en maintenant ces jeunes filles dans des situations précaires et en les privant d’opportunités d’éducation et d’emploi.
En outre, la maltraitance des employés domestiques va à l’encontre des principes fondamentaux des droits de l’homme et des conventions internationales du travail. Le Tchad, en tant que signataire de ces conventions, a l’obligation de protéger les droits de ses citoyens, y compris ceux des employés domestiques.
Il est essentiel de renforcer les mécanismes de surveillance et de suivi afin de s’assurer que les employeurs respectent les droits de leurs employés domestiques. Cela pourrait être accompli en collaborant avec les organisations de la société civile et en renforçant les capacités des autorités locales pour faire respecter les lois et les réglementations. ·Les causes profondes du déplacement de ces jeunes vers la ville
Chercheur au Centre d’Études pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme, (Doctorant en Sociologie Anthropologie de l’Éducation à l’Université de Yaoundé1).
Résume
Respectueusement appelés "boys" pour les hommes et "bonnes" pour les femmes, ces domestiques sont omniprésents dans de nombreux foyers urbains de N'Djamena depuis longtemps. Souvent recrutés pour un salaire de misère, compris entre 30 000 et 50 000 francs CFA, ils effectuent de multiples tâches à la fois, notamment le ménage, la cuisine, la lessive, la garde des enfants, le soin aux personnes âgées ou malades, le jardinage, et même le gardiennage. Malheureusement, ces travailleurs sont démunis en termes de droits et de protection sociale[[1]]url:#_ftn1 .
La problématique de la maltraitance des employés domestiques, ou "boys" pour certains au Tchad, persiste et nécessite une attention particulière. Les employés domestiques, souvent des jeunes filles, sont vulnérables aux abus et à l'exploitation de la part de leurs employeurs. Cette maltraitance des employés domestiques au Tchad est une problématique qui requiert une action urgente. Il est essentiel de mettre en place des mesures de prévention, de sensibilisation et de protection pour aider à mettre fin à cette forme d'abus et à fournir une meilleure protection aux employés domestiques.
La maltraitance des employés domestiques au Tchad se manifeste sous différentes formes : abus physiques, psychologiques et sexuels.
Mots clés : maltraitance des employés domestiques
Introduction
La problématique de la maltraitance des employés domestiques au Tchad est un problème persistant qui nécessite une attention particulière. Les employés domestiques, souvent des jeunes filles, sont vulnérables aux abus et à l’exploitation de la part de leurs employeurs. La maltraitance de ces travailleurs se manifeste sous différentes formes : abus physiques, psychologiques et sexuels.
Les employés domestiques sont souvent soumis à de longues heures de travail sans repos adéquat, à des conditions de vie insalubres, à des salaires insuffisants, voire à aucune rémunération, et à un manque de respect et de considération de la part de leurs employeurs. De plus, ils sont souvent victimes de discriminations et d’exclusion sociale, ce qui limite leurs possibilités de trouver de l’aide et de se protéger contre les abus.
Cette problématique a des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale des victimes, ainsi que sur leur développement personnel et leur intégration sociale. Elle perpétue également un cercle vicieux de pauvreté, en maintenant ces jeunes filles dans des situations précaires et en les privant d’opportunités d’éducation et d’emploi.
En outre, la maltraitance des employés domestiques va à l’encontre des principes fondamentaux des droits de l’homme et des conventions internationales du travail. Le Tchad, en tant que signataire de ces conventions, a l’obligation de protéger les droits de ses citoyens, y compris ceux des employés domestiques.
Il est essentiel de renforcer les mécanismes de surveillance et de suivi afin de s’assurer que les employeurs respectent les droits de leurs employés domestiques. Cela pourrait être accompli en collaborant avec les organisations de la société civile et en renforçant les capacités des autorités locales pour faire respecter les lois et les réglementations.
L'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT-TCHAD) et ses partenaires ont organisé au CEFOD à Ndjamena la projection d'un document intitulé "Mirage citadin" suivie d'une conférence-débat. Ce film, d'une quarantaine de minutes, porte sur la problématique de la maltraitance des employés domestiques en général[[2]]url:#_ftn2 . Ces employés domestiques sont pour la plupart issus de l'exode rural.
Impuissants face à la dévastation de leurs champs par les bétails des éleveurs, dont certains bénéficient de la protection des autorités, confrontés au vol répétitif de leurs bœufs d’attelage, à la pauvreté et au manque d'emploi dans les zones rurales, ces jeunes filles et garçons se déplacent vers les zones urbaines à la recherche de l'eldorado. En ville, ces jeunes travaillent dans des conditions dégradantes et humiliantes (viol, violences physiques et verbales, etc.).
Pour Karmadji Demba, syndicaliste, ces travailleurs ne reçoivent même pas le salaire minimum. "La loi dit que le SMIG est fixé à 60 000 F, par exemple, quand on prend la convention internationale sur les travailleurs, le Tchad ne l'a même pas ratifiée. Lorsqu'on prend notre premier article de la convention qui dit que nous sommes nés tous égaux en droit et en dignité, nous ne reconnaissons pas cette dignité à ces personnes", regrette-t-elle.
"C’est de l’esclavage," tranche le sociologue Mbeté Felix. "Attention, ces enfants du pays vont riposter tôt ou tard et ça va chauffer. De toutes les manières, ils se sont instruits et resteront à côté du pouvoir," prévient-il[[3]]url:#_ftn3 .
Cette situation et les conflits entre éleveurs et agriculteurs perdurent parce que, selon le sociologue, "les riches n’ont pas de cœur et leurs problèmes, ce sont leurs comptes en banque." Il pointe du doigt une "faillite" de l'État et de la société[[4]]url:#_ftn4 .
·Les travailleurs domestiques A.De quoi s’agit-il ? Impuissants face à la dévastation de leurs champs par les bétails des éleveurs, dont certains bénéficient de la protection des autorités, confrontés au vol répétitif de leurs bœufs d’attelage, à la pauvreté et au manque d'emploi dans les zones rurales, ces jeunes filles et garçons se déplacent vers les zones urbaines à la recherche de l'eldorado. En ville, ces jeunes travaillent dans des conditions dégradantes et humiliantes (viol, violences physiques et verbales, etc.).
Pour Karmadji Demba, syndicaliste, ces travailleurs ne reçoivent même pas le salaire minimum. "La loi dit que le SMIG est fixé à 60 000 F, par exemple, quand on prend la convention internationale sur les travailleurs, le Tchad ne l'a même pas ratifiée. Lorsqu'on prend notre premier article de la convention qui dit que nous sommes nés tous égaux en droit et en dignité, nous ne reconnaissons pas cette dignité à ces personnes", regrette-t-elle.
"C’est de l’esclavage," tranche le sociologue Mbeté Felix. "Attention, ces enfants du pays vont riposter tôt ou tard et ça va chauffer. De toutes les manières, ils se sont instruits et resteront à côté du pouvoir," prévient-il[[3]]url:#_ftn3 .
Cette situation et les conflits entre éleveurs et agriculteurs perdurent parce que, selon le sociologue, "les riches n’ont pas de cœur et leurs problèmes, ce sont leurs comptes en banque." Il pointe du doigt une "faillite" de l'État et de la société[[4]]url:#_ftn4 .
Les travailleurs domestiques sont des personnes qui effectuent un travail au sein de ou pour un ou plusieurs ménages privés. Ils fournissent des services de soins directs et indirects à la personne et, à ce titre, sont des membres essentiels de l’économie des services à la personne. Leur travail peut inclure des tâches telles que le ménage, la cuisine, le lavage et le repassage des vêtements, la prise en charge des enfants ou des membres âgés ou malades de la famille, le jardinage, la garde de la maison, la conduite pour la famille, et même la prise en charge des animaux domestiques. Un travailleur domestique peut travailler à temps plein ou à temps partiel ; il peut être employé par un seul ménage ou par un prestataire de services ou par son intermédiaire ; il peut résider dans le ménage de l’employeur ou vivre dans sa propre résidence. Un travailleur domestique peut travailler dans un pays dont il n’est pas ressortissant, on parle alors de travailleur domestique migrant.
Sur les 75,6 %[[5]]url:#_ftn5 millions de travailleurs domestiques dans le monde, 76,2 % sont des femmes, ce qui signifie qu’un quart des travailleurs domestiques sont des hommes. Le travail domestique est une source d’emploi plus importante chez les femmes que chez les hommes.
Bien qu’ils fournissent des services essentiels, les travailleurs domestiques ont rarement accès aux droits et à la protection. Environ 81%[[6]]url:#_ftn6 d’entre eux sont en emploi informel, c’est le double de la part de l’emploi informel parmi les autres salariés. Ils sont également confrontés à des conditions de travail parmi les plus pénibles. Ils gagnent 56%[[7]]url:#_ftn7 du salaire mensuel moyen des autres salariés et sont plus susceptibles que les autres salariés de travailler de très longues heures ou, au contraire, de très courtes heures. Ils sont également exposés à la violence et au harcèlement, ainsi qu’aux restrictions de la liberté de mouvement. Les travailleurs domestiques informels sont particulièrement vulnérables.
L’informalité du travail domestique peut être attribuée en partie aux déficits de couverture légale par la législation sociale et en partie aux déficits de mise en œuvre.
B.Conditions sociales des employés domestiques : entre violence sexuelle et traitement inhumain Sur les 75,6 %[[5]]url:#_ftn5 millions de travailleurs domestiques dans le monde, 76,2 % sont des femmes, ce qui signifie qu’un quart des travailleurs domestiques sont des hommes. Le travail domestique est une source d’emploi plus importante chez les femmes que chez les hommes.
Bien qu’ils fournissent des services essentiels, les travailleurs domestiques ont rarement accès aux droits et à la protection. Environ 81%[[6]]url:#_ftn6 d’entre eux sont en emploi informel, c’est le double de la part de l’emploi informel parmi les autres salariés. Ils sont également confrontés à des conditions de travail parmi les plus pénibles. Ils gagnent 56%[[7]]url:#_ftn7 du salaire mensuel moyen des autres salariés et sont plus susceptibles que les autres salariés de travailler de très longues heures ou, au contraire, de très courtes heures. Ils sont également exposés à la violence et au harcèlement, ainsi qu’aux restrictions de la liberté de mouvement. Les travailleurs domestiques informels sont particulièrement vulnérables.
L’informalité du travail domestique peut être attribuée en partie aux déficits de couverture légale par la législation sociale et en partie aux déficits de mise en œuvre.
Le secteur des travailleurs domestiques ne bénéficie d’aucun cadre juridique pour les protéger. Ils exercent leur métier dans des conditions insoutenables : sans contrats de travail, sans salaire minimum, sans repos hebdomadaire ni congé annuel, sans protection sociale et sans réglementation des heures de travail. La récente fête du travail aurait été une occasion idéale pour mettre en avant les conditions difficiles des employés de maison, mais malheureusement, cette opportunité est passée[[8]]url:#_ftn8 .
Dans un article publié le 7 septembre 2022 par Louba-Heindé Seraphin intitulé « Tchad : la situation des employés domestiques au Tchad, ressemble à une traite des personnes », il est mentionné que « le travail domestique attire les jeunes ruraux vers la capitale mais regorge de nombreux corollaires pour ceux-ci ». En effet, des jeunes venus spécialement de certaines régions du sud, communément appelés « Maoukoula » (littéralement « je vais au travail »), arpentent les rues de la capitale pour se rendre à leurs lieux de travail. Dévoués et déterminés, ces travailleurs, majoritairement des femmes, cherchent à améliorer leurs conditions de vie[[9]]url:#_ftn9 .
Considérés comme « des personnes issues des classes défavorisées ayant fui la terre » selon le sociologue Haroun Gounteti, ces travailleurs domestiques acceptent des emplois à temps partiel ou à temps plein, avec certains d’entre eux résidant chez leurs employeurs et ne rentrant que les jours fériés et les dimanches. Leurs tâches incluent la cuisine, la garde des enfants, et d'autres responsabilités domestiques. À la fin du mois, même si ce travail leur procure un revenu, celui-ci est jugé très bas par rapport aux tâches imposées[[10]]url:#_ftn10 .
Vanessa, une jeune fille de 17 ans rencontrée à la sortie du pont de Chagoua en route pour son lieu de travail à 7h30, déclare : « C’est médiocre le salaire ; nous faisons simplement du sacrifice pour honorer notre engagement de quitter le village afin de gagner suffisamment d'argent pour mener une vie meilleure. Je gagne 25 000 F mensuellement ; ma cousine, qui ne rentre que le weekend, touche 30 000 F, et mon frère reçoit 20 000 F ».
Ngomina raconte sans détour : « J’ai été accusé de vol d’un téléphone portable chez mon employeur en septembre. Regardez mon dos et mes bras, ces blessures sont des traces de chicottes. Quatre hommes m’ont attaché et battu pour un acte que je n’ai pas commis. C’est triste. Pour être tranquille, je vends désormais de l’eau au grand marché[[11]]url:#_ftn11 »
Pour certains, le salaire est perçu sans difficulté, tandis que pour d'autres, ce n’est pas le cas. Il est parfois nécessaire que l’employé cède à des avances sexuelles pour espérer recevoir son salaire, qui est souvent déterminé au gré de l'employeur. Ngomingar, une femme d’une trentaine d’années, témoigne pour sa tante Remadji : « Ma tante, qui travaillait chez un certain Ali, était abusée sexuellement par son employeur. De février à juin, elle n’a perçu que 17 000 F au lieu de 35 000 F. Énervés, nous avons tenté de le confronter, mais il avait quitté sa maison. En juillet, ma tante tombait fréquemment malade et après des examens, il s'est avéré qu'elle était enceinte de deux mois et séropositive. Elle a décidé de quitter définitivement le travail domestique et est repartie au village[[12]]url:#_ftn12 »
Il est évident que les employeurs infligent souvent des traitements inhumains aux travailleurs domestiques, qui subissent de nombreuses injustices malgré leur maigre revenu. Les blessures sur certains corps de ces employés témoignent de leurs souffrances.
Conclusion
La traite des personnes à des fins de servitude domestique constitue un crime particulièrement grave mais souvent ignoré, qui porte atteinte aux droits fondamentaux et à la dignité des victimes. Peu de personnes sont arrêtées, poursuivies ou condamnées pour ce crime, permettant ainsi sa perpétuation. Nous devons nous opposer à la discrimination, à la perception des travailleurs domestiques comme étant de condition sociale inférieure et à la sous-évaluation de leur travail. Ces schémas sociaux et culturels augmentent la vulnérabilité des travailleurs à la servitude domestique.
Le travail domestique doit être reconnu comme une profession honorable. Reconnaître juridiquement que ce travail exige du temps et représente une charge émotionnelle et physique est une première étape importante dans la reconnaissance de sa valeur.
Dans un article publié le 7 septembre 2022 par Louba-Heindé Seraphin intitulé « Tchad : la situation des employés domestiques au Tchad, ressemble à une traite des personnes », il est mentionné que « le travail domestique attire les jeunes ruraux vers la capitale mais regorge de nombreux corollaires pour ceux-ci ». En effet, des jeunes venus spécialement de certaines régions du sud, communément appelés « Maoukoula » (littéralement « je vais au travail »), arpentent les rues de la capitale pour se rendre à leurs lieux de travail. Dévoués et déterminés, ces travailleurs, majoritairement des femmes, cherchent à améliorer leurs conditions de vie[[9]]url:#_ftn9 .
Considérés comme « des personnes issues des classes défavorisées ayant fui la terre » selon le sociologue Haroun Gounteti, ces travailleurs domestiques acceptent des emplois à temps partiel ou à temps plein, avec certains d’entre eux résidant chez leurs employeurs et ne rentrant que les jours fériés et les dimanches. Leurs tâches incluent la cuisine, la garde des enfants, et d'autres responsabilités domestiques. À la fin du mois, même si ce travail leur procure un revenu, celui-ci est jugé très bas par rapport aux tâches imposées[[10]]url:#_ftn10 .
Vanessa, une jeune fille de 17 ans rencontrée à la sortie du pont de Chagoua en route pour son lieu de travail à 7h30, déclare : « C’est médiocre le salaire ; nous faisons simplement du sacrifice pour honorer notre engagement de quitter le village afin de gagner suffisamment d'argent pour mener une vie meilleure. Je gagne 25 000 F mensuellement ; ma cousine, qui ne rentre que le weekend, touche 30 000 F, et mon frère reçoit 20 000 F ».
Ngomina raconte sans détour : « J’ai été accusé de vol d’un téléphone portable chez mon employeur en septembre. Regardez mon dos et mes bras, ces blessures sont des traces de chicottes. Quatre hommes m’ont attaché et battu pour un acte que je n’ai pas commis. C’est triste. Pour être tranquille, je vends désormais de l’eau au grand marché[[11]]url:#_ftn11 »
Pour certains, le salaire est perçu sans difficulté, tandis que pour d'autres, ce n’est pas le cas. Il est parfois nécessaire que l’employé cède à des avances sexuelles pour espérer recevoir son salaire, qui est souvent déterminé au gré de l'employeur. Ngomingar, une femme d’une trentaine d’années, témoigne pour sa tante Remadji : « Ma tante, qui travaillait chez un certain Ali, était abusée sexuellement par son employeur. De février à juin, elle n’a perçu que 17 000 F au lieu de 35 000 F. Énervés, nous avons tenté de le confronter, mais il avait quitté sa maison. En juillet, ma tante tombait fréquemment malade et après des examens, il s'est avéré qu'elle était enceinte de deux mois et séropositive. Elle a décidé de quitter définitivement le travail domestique et est repartie au village[[12]]url:#_ftn12 »
Il est évident que les employeurs infligent souvent des traitements inhumains aux travailleurs domestiques, qui subissent de nombreuses injustices malgré leur maigre revenu. Les blessures sur certains corps de ces employés témoignent de leurs souffrances.
Conclusion
La traite des personnes à des fins de servitude domestique constitue un crime particulièrement grave mais souvent ignoré, qui porte atteinte aux droits fondamentaux et à la dignité des victimes. Peu de personnes sont arrêtées, poursuivies ou condamnées pour ce crime, permettant ainsi sa perpétuation. Nous devons nous opposer à la discrimination, à la perception des travailleurs domestiques comme étant de condition sociale inférieure et à la sous-évaluation de leur travail. Ces schémas sociaux et culturels augmentent la vulnérabilité des travailleurs à la servitude domestique.
Le travail domestique doit être reconnu comme une profession honorable. Reconnaître juridiquement que ce travail exige du temps et représente une charge émotionnelle et physique est une première étape importante dans la reconnaissance de sa valeur.
[[1]]url:#_ftnref1 https://www.alwihdainfo.com/tchad-Travailleurs domestique -Invisibles et -vulnérables
[[2]]url:#_ftnref2 https://tchadinfos.com/tchad-le-sort-des-travailleurs-domestiques-interpelle
[[3]]url:#_ftnref3 https://tchadinfos.com/tchad-le-sort-des-travailleurs-domestiques-interpelle
[[4]]url:#_ftnref4 idem
[[5]]url:#_ftnref5 https://www.ilo.org/fr/themes-0/travailleurs-domestiques/qui-sont-les-travailleurs-domestiques
[[6]]url:#_ftnref6 https://www.ilo.org/fr/themes-0/travailleurs-domestiques/qui-sont-les-travailleurs-domestiques
[[7]]url:#_ftnref7 idem
[[8]]url:#_ftnref8 https://www.alwihdainfo.com/tchad-Travailleurs domestique -Invisibles et -vulnérables
[[9]]url:#_ftnref9 Seraphinnews :over-blog.com /2022/12/tchad-la-situation-des-employes-domestiques-au-tchad-ressemble-a-une-traite-des-personnes-html
[[10]]url:#_ftnref10 idem
[[11]]url:#_ftnref11 Seraphinnews :over-blog.com /2022/12/tchad-la-situation-des-employes-domestiques-au-tchad-ressemble-a-une-traite-des-personnes-html
[[12]]url:#_ftnref12 Seraphinnews :over-blog.com /2022/12/tchad-la-situation-des-employes-domestiques-au-tchad-ressemble-a-une-traite-des-personnes-html