Le retrait des troupes françaises du Tchad est une revendication populaire.

Vendredi 29 Novembre 2024

L’acte du gouvernement tchadien est salutaire, mais nous estimons qu’il manque de clarté, en évitant d'aborder de manière claire et précise le retrait des troupes françaises qui est une revendication populaire. Il se peut que nous ayons d'autres détails sur ce sujet dans les prochains jours.


Nous tenons à souligner que les accords de coopération et de défense entre les deux pays datent de 1960 et ont subi des retouches pendant six décennies. L’article 3 de l’accord signé le 5 juillet 1960 à Paris par les deux premiers ministres français et tchadiens respectivement Michel Débré et François Tombalbaye, stipulait que « les forces françaises continuent d’assurer les missions qui leur sont actuellement assignées selon les règles et procédures applicables à la date d’entrée en vigueur du présent accord [1]». Le fond de cette clause n’a jamais changé. Et ce n’est pas pour la première fois que l’accord est remis en cause. En effet, l’Assemblée nationale tchadienne a voté à l’unanimité, en date du 28 avril 1964, une proposition du député Maire de Bongor, Paul Djibrine, demandant l’évacuation des bases militaires françaises du territoire tchadien dans un délai de trois mois et la Tchadinisation rapide des postes de direction[2]. Le retrait n’a pas eu lieu. En 1980, le président Goukouni Weddey a remis en cause l’accord et a demandé le retrait des troupes françaises du Tchad. L’acte du gouvernement tchadien est salutaire, mais nous estimons qu’il manque de clarté, en évitant d'aborder de manière claire et précise le retrait des troupes françaises qui est une revendication populaire. Il se peut que nous ayons d'autres détails sur ce sujet dans les prochains jours.
Toutefois, le départ des troupes françaises pourrait réellement influencer de manière significative la dynamique politique et diplomatique du Tchad. En manifestant une volonté d'indépendance et de souveraineté nationale, en cette période d'élections législatives qui auront lieu le 29 décembre 2024, ce retrait pourrait consolider la popularité du gouvernement de M. Déby.
Par ailleurs, cela pourrait accroître la confiance et améliorer les relations avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces pays accusaient la France, d’exploiter sa présence militaire au Tchad et au Bénin, pour former des opposants dont l'objectif est de déstabiliser leurs pays. Il semblerait que le Niger ait refusé en octobre dernier d'autoriser le Tchad à poursuivre Boko Haram. Il est fort probable que le Tchad adhère à l'Alliance des États du Sahel (AES).
 
[1] Accords FT, RTC/I/PRO, protocole du 5 juillet 1960, Paris, MAE carton 52121 série 3385 DAM1 Tchad, RFT 1959-1969, vol.12
[2] TEL. de Commines ambassadeur Français à FL, du 29 avril 1964, NR.304-307 au ministère de la Coop. R. E Carton 52121 DAM1 Tchad Réf 3386, RCRA, RFT 1964-1969 (1959-1969), vol.13