(...) Il convient de rappeler que la société civile, de partis politiques et diverses organisations/ institutions nationales et internationales se sont joints à la lutte. Par exemple, dans la zone du Lac Léré au Mayo Kebbi Ouest, des militants de l’Union des jeunes pour le renouveau du parti UNDR de M. Saleh Kebzabo ont sillonné 85 villages et gros quartiers avec sept équipes de deux personnes par motos[^[1]]url:#_ftn1 . « Durant ce travail, les sensibilisateurs ont remarqué que beaucoup de personnes ignorent l'existence de Covid-19 dans les villages », explique le journaliste Foka Mapagne. Ce qui révèle une faille dans la communication d’où l’importance de ces actions de proximité, au plus profond du Tchad, au moment où les autorités paraissent débordées au niveau central.
La société civile - soutenue généralement, financièrement - par certains partenaires étrangers comme le PNUD, l’USAID, la Croix Rouge, l’UNCIF…, a joué un rôle important dans les domaines de sensibilisation et mobilisation, même si la plupart des associations expliquent avoir réalisé ces opérations sur fonds propres.
Alerté par la situation alimentaire de personnes démunies, le Centre d’Etudes pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE), grâce à la contribution financière de la diaspora tchadienne[^[2]]url:#_ftn2 , a lancé le projet « Sourire Famille » qui est un projet d’appui et d’aides aux couches les plus vulnérables, et consiste à cibler certaines familles et leur apporter les produits de premières nécessités en cette période de Ramadan doublée par la pandémie du coronavirus où certaines familles peinent à se nourrir[^[3]]url:#_ftn3 .

Parmi les institutions nationales ayant joué un rôle important dans la lutte contre la pandémie, on peut citer la Fondation Grand Cœur (FGG). Créée par la Première Dame, Hinda Déby Itno, cette institution a engagé des gros moyens pour procéder à la distribution des vivres, à la distribution de gel, de masques confectionnés grâce à des ateliers de couture expressément installés dans plusieurs villes du pays. Pourtant la Fondation n’a pas échappé aux critiques jusqu’au niveau de l’Assemblée Nationale après la signature le 16 avril 2020 d’une convention avec la cellule de veille et de sécurité sanitaire qui "décrit les engagements des parties et prévoit une synergie d'action dans le cadre de la riposte contre le Covid-19". Les réactions et les critiques sur ce sujet ont animé la presse et les réseaux sociaux suivis par la population qui cherche à comprendre la vérité.
Le 7 mai 2020, l’ancien ministre Yaya Dillo s’en prend dans une vidéo à la première dame du Tchad, Hinda Déby Itno, mais surtout à sa fondation, Grand Coeur, qui venait de signer une convention avec le comité en charge de la lutte contre le Covid-19. Cet accord est qualifié de « conflit d’intérêt » par Yaya Dillo. La vidéo devient virale et quelques jours après, la Première dame et sa fondation portent plainte et font leur déposition à la police judiciaire[^[4]]url:#_ftn4 .
À l'Assemblée nationale, plusieurs députés se sont interrogés sur le contenu précis de cette convention et ont demandé que des éclaircissements soient apportés au peuple, en estimant qu'il ne s'agit pas d'un "secret d'État".
"Je m'en vais vous poser la question à laquelle vous n'avez pas répondu sur la convention passée avec Grand Cœur. Le chef de l'État a fait sa déclaration un soir et si je ne me trompe pas, dès le lendemain, une convention est signée entre la cellule et la Fondation. On interpelle la cellule sur le contenu de la convention, jusqu'aujourd'hui c'est flou, personne ne veut en parler. On voit tout simplement que la Fondation est devenue subitement très active, et ne fait qu'offrir avec son label Grand Cœur[^[5]]url:#_ftn5 ", a déclaré le député Saleh Kebzabo, en interpellant le ministre de la Santé publique.
En réaction aux critiques et à plusieurs demandes l'invitant à dévoiler le contenu de la convention signée avec la cellule de veille et de sécurité, la
Fondation Grand Coeur (FGC) a déclaré qu'elle "participe pleinement à l'effort national contre le Covid-19"[^[6]]url:#_ftn6 ,
La secrétaire générale de la FGC, Mme. Habba Sahoulba Gontchomé, explique avoir "répondu aux sollicitations de la Cellule de veille et de sécurité sanitaire pour lui apporter son soutien logistique, humain et son expérience de terrain non négligeable acquise de manière continue depuis plus de 3 ans." Elle a démenti être positionnée comme l'agence principale d'exécution du plan de riposte contre le coronavirus. Cette convention n'octroie ni moyens, ni prérogatives particulières à la FGC", précise le communiqué.

"La Convention signée avec la cellule n'a rien d'exceptionnel, la FGC a bien avant cela signé un certain nombre de protocoles avec différents ministères qui ne prévoient aucun appui financier à la Fondation", justifie Mme Habba Sahoulba Gontchomé.
La jeunesse joue un grand rôle en cette période de crise à travers notamment le milieu associatif qui est fortement impliqué dans la sensibilisation. Cela s’illustre avec une multitude d’actions de terrain, que ce soit à N’Djamena ou dans les provinces. Les actions consistent notamment à sensibiliser de porte-à-porte en expliquant les mesures barrières dans les différentes langues, distribuer des kits d’hygiène, des denrées alimentaires aux plus vulnérables et des masques de protection pour inciter au respect des mesures barrières. Ces actions ont été constatées sur l’ensemble du territoire national (...)
On constate que la jeunesse qui est assez négligée devient finalement le centre d’attention, celle-ci étant un moyen efficace de communication de proximité. Un chef de parti politique a même proposé que l’État recrute des milliers de ces jeunes au chômage pour entamer des actions continues de sensibilisation dans les quartiers (...) Etude sur Covid_19 au Tchad réalisée par le CEDPE en cours d'édition. Sortie avant le 20 décembre 2020. A ne pas rater la lecture de cette étude. Pour réserver un exemplaire, il suffit d'appeler 00235 63796868 ou 235 60052731 ou par mail oubadjimdehba@gmail.com