Signification de Boko-Haram (Book-Haram)
Book-Haram signifie tout simplement « le livre interdit », illicite, illégal et donc pas consommable. Ce livre est fait allusion au « livre occidental », c’est-à-dire l’enseignement de la langue occidentale et tout ce qui va avec. Pour les Jihadjistes, ce livre doit être banni voire détruit au détriment de l’étude du Coran et les principes de l’Islam. Cette interdiction du livre occidental est un principe sacro-divin qui ne doit être l’objet d’aucune discussion.
Le nom Book Haram a été déformé pour devenir Boko-Haram. Selon Al-Amine Mohammed Abba, le terme Boko Haram existait avant même la naissance de ce mouvement. En Haoussa, le terme « boko » existe et est utilisé couramment. Une personne qui a fréquenté l’école occidentale est même prénommé « dan Boko » et ce n’est pas considéré comme une insulte. C’est pour dire que l’étymologie donnée ici est standard et authentique.
La liste de « Haram » est longue : cinéma, foot, les outils de beauté (perruques, mèches, faux ongles etc.), le port de pantalon, de la jupe, lunettes, montres … bref, tout ce qui se relève à la occidentale.
Les raisons de son succès
Premièrement, Boko-Haram a bénéficié d’une forte empathie, voire d’un soutien moral à ses premières heures de la part des nigérians et des nombreux observateurs étrangers. Car, souvenez-vous, avant de déclarer la guerre armée, Boko-Haram était un mouvement religieux radical mais pacifique. L’exécution sommaire de Mohammed Yusuf, son leader charismatique par les forces de l’ordre nigérianes, le passage en boucle de son cadavre jeté au sol dans les télévisions, son humiliation sur les réseaux sociaux en présence des soldats nigérians qui s’extasiaient sur sa dépouille et la chasse à l’homme de ses étudiants dans l’Etat de Borno, ont provoqué une empathie populaire qui a traversé les frontières nigérianes. Cela a donné de la force et du courage aux proches disciples du regretté Mohammed Yusuf de s’insurger violemment armes à la main.
Deuxièmement, Boko-Haram a très vite développé sa branche médiatique dès le début des offensives. Ce qui lui permettait de revendiquer ses attaques dans des délais relativement courts (quelques jours ou heures après), de contredire les discours victorieux de l’armée nigériane et de remotiver ses troupes voire d’attirer de nouvelles recrues.
Troisièmement, il faut dire que Boko-Haram est un mouvement extrémiste ayant d’importants revenus pour deux raisons. La première se justifie par le fait qu’il opère sur des vastes territoires aux sous-sols riches ; la seconde est qu’il appartient à l’organisation Daech qui s’est enrichit à travers les ressources pétrolières qu’elle gère. Boko-Haram perçoit également ses revenus grâce à la diversification des pôles d’activités économiques auxquelles il se livre à savoir le pillage, le butin de guerre, le racket, le vol des bétails, l’agriculture, l’imposition des taxes ou patentes sur les territoires conquis, le trafic, les apports en espèces qui portent sur la contribution volontaire ou involontaire, les dons en espèce, les contrebandes etc. A partir de 2018, Boko-Haram s’est engagé dans l’exploitation des mines d’or spécifiquement au Tchad et au Niger. L’ensemble de ces facteurs ont fait que la secte soit financièrement bien assise. Ce qui a joué aussi en sa faveur en stimulant de jour en jours de nouveaux membres. « Le Gouvernement camerounais nous refuse d’intégrer la fonction publique pour gagner 100.000 F le mois. Avec Boko-Haram, sans concours, on nous propose 300 à 400.000 FCFA » témoigne un désengagé camerounais.
Enfin, il faut aussi dire que les offensives des armées nationales engagées contre la secte ont favorisé son expansion un peu partout dans la région en ce sens que, à chaque attaque, lorsque les éléments de la secte se battent en retraite, ils s’installent directement sur les territoires qu’ils rencontrent. Peuplés ou non, imposant leurs lois.
Demain nous verrons le mode de recrutement de la secte.