Lutte contre Boko Haram dans
La Province du Lac : Actions et défis des forces
de défense et de Sécurité et des Organisations de la Société Civile
Par AGASSIZ BAROUM
Sociologue, Spécialiste en Genre
et Développement, chercheur au CEDPE
Introduction La Province du Lac : Actions et défis des forces
de défense et de Sécurité et des Organisations de la Société Civile
Par AGASSIZ BAROUM
Sociologue, Spécialiste en Genre
et Développement, chercheur au CEDPE
Depuis plusieurs années, le groupe Boko Haram (BH) ne cesse de multiplier des attaques meurtrières dans le bassin du Lac Tchad causant des milliers de morts, de blessés et de déplacés. Selon l’ONU, l’insurrection du groupe Boko Haram a fait 35 000 morts et près de 2000 000 de déplacés dans le nord-est du Nigeria depuis 2009. Au Tchad, depuis 2015, ce même groupe a mené plusieurs attentats suicides ayant causé des centaines de morts. L’International Crisis Group a dans son article « Boko Haram au Tchad : au-delà de la réponse sécuritaire » soutenu que « la violence déclenchée par Boko Haram avait déjà fait, début 2017, plus de 100 000 déplacés internes et 7000 réfugiés sur le sol tchadien »[[1]]url:#_ftn1 . Les multiples efforts fournis par les autorités tchadiennes et les pays du bassin du Lac Tchad n’ont pas suffi à neutraliser ce groupe extrémiste. Nous avons pour preuve l’attentat produit le 23 mars 2020 à Bohoma dans la province du Lac, où plus de 92 soldats tchadiens ont été tués et 47 blessés dans des affrontements avec le groupe Boko Haram.
La revue ‘The peace builder’ dans sa parution de mars 2020 affirme que la recrudescence des attaques de Boko Haram dans la province du Lac pourrait s’expliquer par l’infiltration des éléments de BH au sein de la population fournissant en temps réel les informations sur le déplacement des personnes et les activités socioéconomiques et militaires; la complicité et le refus de certains membres de la population de dénoncer les complices de BH ; et enfin, le manque des moyens adéquats mis à la disposition des Forces de Défenses et de Sécurité (FDS) pour lutter efficacement contre ce phénomène[[2]]url:#_ftn2 . Ainsi, se fondant sur la recrudescence des attaques terroristes menées par le groupe BH, l’on est en droit de s’interroger sur l’efficacité des efforts fournis par les pouvoirs publics pour éradiquer ce phénomène. Par ailleurs, il semble légitime de s’attarder sur le rôle des FDS ainsi que celui des Organisations de la Société Civile (OSC) dans le plan d’éradication du groupe Boko Haram dans la province du Lac. Ensuite, il sera question de présenter les principaux défis à relever par ces acteurs dans la lutte contre ce groupe extrémiste violent.
1.Les forces de défense et de sécurité et la lutte contre le groupe Boko Haram La revue ‘The peace builder’ dans sa parution de mars 2020 affirme que la recrudescence des attaques de Boko Haram dans la province du Lac pourrait s’expliquer par l’infiltration des éléments de BH au sein de la population fournissant en temps réel les informations sur le déplacement des personnes et les activités socioéconomiques et militaires; la complicité et le refus de certains membres de la population de dénoncer les complices de BH ; et enfin, le manque des moyens adéquats mis à la disposition des Forces de Défenses et de Sécurité (FDS) pour lutter efficacement contre ce phénomène[[2]]url:#_ftn2 . Ainsi, se fondant sur la recrudescence des attaques terroristes menées par le groupe BH, l’on est en droit de s’interroger sur l’efficacité des efforts fournis par les pouvoirs publics pour éradiquer ce phénomène. Par ailleurs, il semble légitime de s’attarder sur le rôle des FDS ainsi que celui des Organisations de la Société Civile (OSC) dans le plan d’éradication du groupe Boko Haram dans la province du Lac. Ensuite, il sera question de présenter les principaux défis à relever par ces acteurs dans la lutte contre ce groupe extrémiste violent.
Les pays du bassin du lac-Tchad réunis au sein de la Force Multinationale Mixte (FMM) conjuguent leurs efforts depuis plusieurs années pour lutter contre le groupe Boko Haram. La FMM a été opérationnalisé au cours de l’année 2015 afin de concrétiser l’approche collective de la lutte contre le terrorisme ainsi que la criminalité internationale dans la sous-région. A cet égard, elle opère depuis 2015 dans les régions affectées ou régulièrement attaquées par le groupe Boko Haram notamment au Tchad, au Niger, au Nigeria et au Cameroun. L’un des objectifs de la FMM est de renseigner en temps réel sur les activités de Boko Haram dans sa zone d’opération, les progrès engrangés et les défis à relever. La FMM a mené plusieurs opérations ayant pour but d’éliminer Boko Haram des iles du Lac Tchad étendues aux zones frontalières des pays du bassin du Lac Tchad en coordination avec les forces nationales de défense et de sécurité de ces Etats en vue de créer un environnement plus sécurisé. A cet effet, la FMM combine des actions aériennes, terrestres et amphibies pour « nettoyer » les points forts du groupe Boko Haram. C’est ainsi que cette force a procédé à la destruction des enclaves des terroristes, d’ateliers de fabrication des engins explosifs ainsi que la saisie de divers matériels à savoir : des motos, des véhicules, des AK 47, des pirogues et d’autres moyens logistiques.
Photo 1 : opération de la FMM afin d’éliminer le groupe BH dans la zone du Lac Tchad
Crédit photo: FMM, secteur 2.[[3]]url:#_ftn3
Selon les données de la FMM de l’année 2019, la pression exercée sur les éléments du groupe Boko Haram a également permis la reddition de 1016 terroristes dans le secteur 2 au Tchad et 16 terroristes ainsi que plusieurs de leurs complices dans le secteur 4 au Niger[[4]]url:#_ftn4 . Compte tenu du fait que la FMM travaille en étroite collaboration avec les Forces de Défense et de Sécurité des pays du bassin du Lac Tchad, les récentes attaques menées par le groupe Boko Haram à Bohoma ont entrainé une réplique des FDS du Tchad. A cet effet, le porte-parole de l’Etat-major des Armées, le Colonel Azem Bermandoua Agouna, affirme sur les medias[[5]]url:#_ftn5 que « l’opération colère de Bohoma » déclenchée le 31 mars 2020, a permis de mettre en déroute les terroristes de Boko Haram des iles, occasionnant 52 morts et 196 blessés du côté des FDS du Tchad et 1000 morts et 50 pirogues détruites avec plusieurs armes récupérées du côté du groupe Boko Haram. Il poursuit en disant qu’après cette opération les FDS du Tchad passeront le relai aux FDS des autres pays du bassin du Lac Tchad et à la FMM.
La situation des personnes associées à Boko Haram et celle des personnes qui se sont rendues dans la zone de la FMM en particulier semble peu reluisante en ce sens qu’elle pourrait freiner ou du moins, faire obstacle à l’augmentation du flux des rendus. En effet, les données de la FMM révèlent qu’en 2017, les secteurs 1 (Mora), 2 (Bagasola), 3 (Baga) et 4 (Diffa) enregistrent respectivement 99, 1914, 204 et 221 personnes associées à Boko Haram qui se sont rendues. Ces chiffres nous montrent que le Tchad enregistre le taux le plus élevé des personnes associées à Boko Haram qui se sont rendues. Ce résultat pourrait s’expliquer par l’approche sociale adopté par les autorités publiques qui consiste à encourager une reddition massive des personnes en lieu et place de l’approche judiciaire retenue par les autres Etats. Selon ces mêmes sources, près de 20 000 000 de personnes ont besoin d’assistance humanitaire, 7.1 millions font face à une insécurité alimentaire et 1.4 million d’enfants sont déplacés, 515 000 d’enfants sont atteints de malnutrition sévère, au moins 30 000 enfants ont été séparés de leurs parents, plus de 9000 femmes ont été enlevées, plus de 18570 personnes capturées ou enlevées par BH de janvier 2016 à nos jours ont été sauvées par la FMM[[6]]url:#_ftn6 . Cette situation qu’on pourrait qualifier de crise humanitaire sollicite l’intervention des Organisations Non Gouvernementale (ONG) afin de pallier à cette crise qui perdure. C’est dans cette optique que la présence renforcée des Organisation de la Société Civile (OSC) dans la province du Lac trouve toute sa justification.
2.Les Organisation de la Société Civile et la prévention de l’extrémisme violent Photo 1 : opération de la FMM afin d’éliminer le groupe BH dans la zone du Lac Tchad
Crédit photo: FMM, secteur 2.[[3]]url:#_ftn3
Selon les données de la FMM de l’année 2019, la pression exercée sur les éléments du groupe Boko Haram a également permis la reddition de 1016 terroristes dans le secteur 2 au Tchad et 16 terroristes ainsi que plusieurs de leurs complices dans le secteur 4 au Niger[[4]]url:#_ftn4 . Compte tenu du fait que la FMM travaille en étroite collaboration avec les Forces de Défense et de Sécurité des pays du bassin du Lac Tchad, les récentes attaques menées par le groupe Boko Haram à Bohoma ont entrainé une réplique des FDS du Tchad. A cet effet, le porte-parole de l’Etat-major des Armées, le Colonel Azem Bermandoua Agouna, affirme sur les medias[[5]]url:#_ftn5 que « l’opération colère de Bohoma » déclenchée le 31 mars 2020, a permis de mettre en déroute les terroristes de Boko Haram des iles, occasionnant 52 morts et 196 blessés du côté des FDS du Tchad et 1000 morts et 50 pirogues détruites avec plusieurs armes récupérées du côté du groupe Boko Haram. Il poursuit en disant qu’après cette opération les FDS du Tchad passeront le relai aux FDS des autres pays du bassin du Lac Tchad et à la FMM.
La situation des personnes associées à Boko Haram et celle des personnes qui se sont rendues dans la zone de la FMM en particulier semble peu reluisante en ce sens qu’elle pourrait freiner ou du moins, faire obstacle à l’augmentation du flux des rendus. En effet, les données de la FMM révèlent qu’en 2017, les secteurs 1 (Mora), 2 (Bagasola), 3 (Baga) et 4 (Diffa) enregistrent respectivement 99, 1914, 204 et 221 personnes associées à Boko Haram qui se sont rendues. Ces chiffres nous montrent que le Tchad enregistre le taux le plus élevé des personnes associées à Boko Haram qui se sont rendues. Ce résultat pourrait s’expliquer par l’approche sociale adopté par les autorités publiques qui consiste à encourager une reddition massive des personnes en lieu et place de l’approche judiciaire retenue par les autres Etats. Selon ces mêmes sources, près de 20 000 000 de personnes ont besoin d’assistance humanitaire, 7.1 millions font face à une insécurité alimentaire et 1.4 million d’enfants sont déplacés, 515 000 d’enfants sont atteints de malnutrition sévère, au moins 30 000 enfants ont été séparés de leurs parents, plus de 9000 femmes ont été enlevées, plus de 18570 personnes capturées ou enlevées par BH de janvier 2016 à nos jours ont été sauvées par la FMM[[6]]url:#_ftn6 . Cette situation qu’on pourrait qualifier de crise humanitaire sollicite l’intervention des Organisations Non Gouvernementale (ONG) afin de pallier à cette crise qui perdure. C’est dans cette optique que la présence renforcée des Organisation de la Société Civile (OSC) dans la province du Lac trouve toute sa justification.
Au Tchad, différentes OSC mènent des activités de plaidoyer selon leur domaine d’intervention. Ainsi, l’on note des plaidoyers axés sur l’éducation, la bonne gouvernance, la santé, l’environnement, l’approvisionnement en eau et nourriture, les droits humains, la lutte contre la corruption, la lutte contre la pauvreté, la lutte et la prévention de l’extrémisme violent à travers plusieurs enquêtes que certaines organisations mènent pour recueillir le point de vue et comprendre la situation des acteurs sociaux.
Plus flexibles et plus proches de la population, les 46 OSC et/ou ONG qui interviennent actuellement dans la Province du Lac, fournissent des services alternatifs là où l’action de l’Etat est inexistant ou insuffisante. Elles prennent en charge des programmes d’éducation non formelle, bref de l’assistance humanitaire. Grâce à des démarches à l’écoute des besoins et des conditions de vie de populations défavorisées de la Province du Lac, ces OSC ont un meilleur accès aux personnes exclues, marginalisées et surtout celles associées à Boko Haram. Considérées comme producteurs de service, les OSC et/ou ONG mènent des actions pour répondre aux besoins des populations de la province du Lac, notamment les populations les plus vulnérables. Aux nombres des OSC et/ou ONG et organismes (USAID/P4P, CELIAF, Equal Access, CRASH, COOPI, OIM, HI, UNICEF, PAM, PNUD, Croix-Rouge, Care internationale…) intervenant dans la province du Lac se trouve le Centre d’Etudes pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE) qui a fait ces preuves à travers plusieurs activités menées dans cette localité. La toute première activité menée par le CEDPE dans la province du Lac est une mission de recherche organisée du 29 mars au 05 avril 2018.
Il résulte de cette recherche que seulement 5/285 des désengagés de BH soit 1,75% a eu droit à une scolarisation[[7]]url:#_ftn7 . De même, une autre mission d’enquête portant sur « l’identification, le profilage et l’enregistrement de 2544 désengagés de Boko Haram dans la province du Lac » tenue du 20 septembre au 19 octobre 2019 révèle que 67% des personnes interrogées éprouvent des difficultés en matière de logement et de nourriture et 33% sont dans un besoin urgent d’assistance sanitaire[[8]]url:#_ftn8 . Ces données sont la preuve de l’importance d’une intervention humanitaire dans cette province du Lac, raison pour laquelle, la CELIAF[[9]]url:#_ftn9 en collaboration avec le CEDPE ont formé et réinséré plus de 240 désengagés de Boko Haram et les membres des comités d’autodéfense en 2020. Cette formation avait pour objectif de renforcer la résilience de ces bénéficiaires et les mettre à contribution dans la lutte et la prévention de l’extrémisme violent à Bol, Bagasola et Liwa. Allant dans la même dynamique, le programme P4P/USAID a organisé plusieurs formations et tables rondes visant à créer un cadre de concertation et de partage de connaissance entre les autorités administratives, traditionnelles et les acteurs de la société civile dans l’espoir de promouvoir et de renforcer la coordination entre ces acteurs qui lutte contre l’extrémisme violent dans la province du Lac[[10]]url:#_ftn10 . En dehors de la formation et des sensibilisations, l’apport des OSC exerçant dans la région du Lac se fait sentir à travers les forages, les centres de santé, les établissements scolaires et les abris construit, la dotation des kits, des pièces d’identités et autres.
Finalement, on retiendra que les OSC et les FDS participent à la stabilité dans la province du Lac et contribuent par ailleurs à l’amélioration des conditions de vie de la population des zones touchées par les actions du groupe BH. Tout comme les autres structures, les FDS et les OSC ont aussi leurs limites.
3.Les limites des forces de défense et de sécurité et des organisations de la société civile dans la lutte contre Boko Haram Plus flexibles et plus proches de la population, les 46 OSC et/ou ONG qui interviennent actuellement dans la Province du Lac, fournissent des services alternatifs là où l’action de l’Etat est inexistant ou insuffisante. Elles prennent en charge des programmes d’éducation non formelle, bref de l’assistance humanitaire. Grâce à des démarches à l’écoute des besoins et des conditions de vie de populations défavorisées de la Province du Lac, ces OSC ont un meilleur accès aux personnes exclues, marginalisées et surtout celles associées à Boko Haram. Considérées comme producteurs de service, les OSC et/ou ONG mènent des actions pour répondre aux besoins des populations de la province du Lac, notamment les populations les plus vulnérables. Aux nombres des OSC et/ou ONG et organismes (USAID/P4P, CELIAF, Equal Access, CRASH, COOPI, OIM, HI, UNICEF, PAM, PNUD, Croix-Rouge, Care internationale…) intervenant dans la province du Lac se trouve le Centre d’Etudes pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE) qui a fait ces preuves à travers plusieurs activités menées dans cette localité. La toute première activité menée par le CEDPE dans la province du Lac est une mission de recherche organisée du 29 mars au 05 avril 2018.
Il résulte de cette recherche que seulement 5/285 des désengagés de BH soit 1,75% a eu droit à une scolarisation[[7]]url:#_ftn7 . De même, une autre mission d’enquête portant sur « l’identification, le profilage et l’enregistrement de 2544 désengagés de Boko Haram dans la province du Lac » tenue du 20 septembre au 19 octobre 2019 révèle que 67% des personnes interrogées éprouvent des difficultés en matière de logement et de nourriture et 33% sont dans un besoin urgent d’assistance sanitaire[[8]]url:#_ftn8 . Ces données sont la preuve de l’importance d’une intervention humanitaire dans cette province du Lac, raison pour laquelle, la CELIAF[[9]]url:#_ftn9 en collaboration avec le CEDPE ont formé et réinséré plus de 240 désengagés de Boko Haram et les membres des comités d’autodéfense en 2020. Cette formation avait pour objectif de renforcer la résilience de ces bénéficiaires et les mettre à contribution dans la lutte et la prévention de l’extrémisme violent à Bol, Bagasola et Liwa. Allant dans la même dynamique, le programme P4P/USAID a organisé plusieurs formations et tables rondes visant à créer un cadre de concertation et de partage de connaissance entre les autorités administratives, traditionnelles et les acteurs de la société civile dans l’espoir de promouvoir et de renforcer la coordination entre ces acteurs qui lutte contre l’extrémisme violent dans la province du Lac[[10]]url:#_ftn10 . En dehors de la formation et des sensibilisations, l’apport des OSC exerçant dans la région du Lac se fait sentir à travers les forages, les centres de santé, les établissements scolaires et les abris construit, la dotation des kits, des pièces d’identités et autres.
Finalement, on retiendra que les OSC et les FDS participent à la stabilité dans la province du Lac et contribuent par ailleurs à l’amélioration des conditions de vie de la population des zones touchées par les actions du groupe BH. Tout comme les autres structures, les FDS et les OSC ont aussi leurs limites.
Les limites actuelles de la FMM, composée d’environ 10 000 militaires et ayant pour mandat la lutte contre l’invasion du groupe Boko Haram dans le bassin du Lac et ses environnants, doivent être appréhendées sous plusieurs angles. D’abord, il convient de révéler que depuis sa création en 2015, les interventions armées régulières et spontanées de la FMM ont fortement contribué à affaiblir les actions du groupe BH. Toutefois, il reste qu’en dépit du groupe BH semble affaibli, il est loin d’être complètement éradiqué. Cela pourrait s’expliquer par les carences et l’effectivité de l’opérationnalité de la FMM dues d’une part à la lutte et rivalités de pouvoir, mouvement d’humeur et grèves, tergiversèrent, faible évaluation des capacités (humaines, techniques et matérielles), carence en terme de préparation, faible remise en question, sectorisation s’apparentant à un repli national, insuffisance des moyens matériels, de transport terrestre et aérien, logistiques, de communication, de renseignement, de reconnaissance et de surveillance. A cela, il convient de souligner que la vulnérabilité du territoire nord-nigérian ainsi que des régions du bassin du lac Tchad de manière globale constituent des terreaux fertiles pour les groupes extrémistes. Par ailleurs, on ajoutera d’autre part que l’insécurité dans les zones et localités susmentionnées est aussi liée à la précarité des conditions socioéconomiques et culturelles des populations.
Comme la plupart des OSC de l’Afrique, celles du Tchad sont confrontées à la rareté des financements, à la convoitise du pouvoir et à l’éloignement de la base. La question de l’autonomie reste un grand défi pour les OSC du Tchad car elles n’ont presque pas des ressources financières stables. Certaines OSC comptent pour la plupart sur des bailleurs de fonds qui ne peuvent malheureusement pas leur venir tout le temps en aide. Pour poursuivre leurs activités, certaines sont quelque fois promptes à accepter les offres émanant des structures ou personnes, avec pour conséquence sur les activités qu’elles mènent.
4.Les défis à relever par les forces de défense et de sécurité et les organisations de la société civile dans la lutte contre Boko Haram Comme la plupart des OSC de l’Afrique, celles du Tchad sont confrontées à la rareté des financements, à la convoitise du pouvoir et à l’éloignement de la base. La question de l’autonomie reste un grand défi pour les OSC du Tchad car elles n’ont presque pas des ressources financières stables. Certaines OSC comptent pour la plupart sur des bailleurs de fonds qui ne peuvent malheureusement pas leur venir tout le temps en aide. Pour poursuivre leurs activités, certaines sont quelque fois promptes à accepter les offres émanant des structures ou personnes, avec pour conséquence sur les activités qu’elles mènent.
Les défis à relever par les FDS pour lutter efficacement contre le groupe BH passent par l’acquisition des moyens amphibies supplémentaires pour améliorer la capacité de lutte amphibie, la maitrise de la problématique des engins explosifs, l’acquisition des drones et des moyens de lutte contre les drones. Vu que la plupart des attaques du groupe BH se produisent la nuit, l’acquisition d’équipements de vision nocturne pour augmenter la capacité du combat de nuit et la disponibilité d’appui aérien rapproché notamment nocturne sont indispensables. L’appui de la FMM dans le domaine de la formation à travers des séminaires sur le respect de droit de l’homme en général et le droit des conflits armés en particulier, la gestion humanitaire, le versement des primes aux soldats, la combinaison des approches militaires et civiles sont aussi entre autres des défis que les FDS sont appelées à surmonter.
Les actions de la FMM presqu’exclusivement militaires, sont complétées par celles des OSC qui sont basées sur une approche préventive. Allant dans la même lancée, l’International Crisis Group affirme que l’approche militaire doit être progressivement revue pour inclure une plus grande dimension civile afin d’éviter une militarisation de la région sur le long terme, en associant davantage les autorités civiles locales aux décisions stratégiques…[[11]]url:#_ftn11
Quant aux OSC, les acteurs de ces organisations doivent doubler d’effort afin d’aider les autorités dans la prévention et la lutte contre le groupe BH. Pour ce faire, les OSC du Tchad, dans leur rôle de catalyseur des aspirations de la population de la Province du Lac, doivent être à l’avant-garde de la prévention de l’extrémisme violent tout en travaillant en synergie non seulement entre elles mais également avec les FDS et la population. Elles doivent également développer des approches intégrées et inclusives à l’égard de la jeunesse, créer plus des AGR, associer les riverains à la prise des décisions, créer davantage des services de base, former, éduquer, impliquer la population dans la prévention de l’extrémisme violent et réinsérer socio-professionnellement les désengagés de BH. Ces OSC doivent pour ainsi dire, mettre l’accent sur la sensibilisation afin de sortir la Province du Lac de l’extrémisme violent tout en faisant surtout le suivi-évaluation des projets réalisés. Tels sont les défis que les OSC doivent s’efforcer de relever.
Conclusion Les actions de la FMM presqu’exclusivement militaires, sont complétées par celles des OSC qui sont basées sur une approche préventive. Allant dans la même lancée, l’International Crisis Group affirme que l’approche militaire doit être progressivement revue pour inclure une plus grande dimension civile afin d’éviter une militarisation de la région sur le long terme, en associant davantage les autorités civiles locales aux décisions stratégiques…[[11]]url:#_ftn11
Quant aux OSC, les acteurs de ces organisations doivent doubler d’effort afin d’aider les autorités dans la prévention et la lutte contre le groupe BH. Pour ce faire, les OSC du Tchad, dans leur rôle de catalyseur des aspirations de la population de la Province du Lac, doivent être à l’avant-garde de la prévention de l’extrémisme violent tout en travaillant en synergie non seulement entre elles mais également avec les FDS et la population. Elles doivent également développer des approches intégrées et inclusives à l’égard de la jeunesse, créer plus des AGR, associer les riverains à la prise des décisions, créer davantage des services de base, former, éduquer, impliquer la population dans la prévention de l’extrémisme violent et réinsérer socio-professionnellement les désengagés de BH. Ces OSC doivent pour ainsi dire, mettre l’accent sur la sensibilisation afin de sortir la Province du Lac de l’extrémisme violent tout en faisant surtout le suivi-évaluation des projets réalisés. Tels sont les défis que les OSC doivent s’efforcer de relever.
En dernier ressort, nous retenons que les FDS jouent un rôle important dans la stabilisation de la Province du Lac et qu’en dépit des objectifs fixés et les moyens déployés, elles peinent à mettre hors d’état de nuire le groupe Boko Haram. Quant aux OSC, les actions qu’elles mènent sont plus ou moins visibles mais l’impact de ces actions ne se fait pas trop sentir par faute de synergie d’action et de communication entre elles, les autorités et la population. De ce qui précède, nous notons que malgré les moyens déployés par les FDS et les OSC dans la lutte contre Boko Haram, ce groupe extrémiste continu par semer la terreur et endeuiller des familles dans la province du Lac limitant ainsi les habitants dans l’exercice de leurs activités socioéconomiques tout en augmentant la vulnérabilité de ces derniers. Vu qu’elles peinent à atteindre les objectifs qui sont les leurs, les FDS et les OSC gagneraient peut-être en revoyant les stratégies déployées dans la lutte contre ce groupe extrémiste tout en élaborant des programmes de réinsertion des désengagés et victimes de Boko Haram et renforçant la coopération entre les civils et les militaire.
La revue scientifique du CEDPE du mois d'avril 2021 est téléchargeable gratuitement en PDF en cliquant sur le lien ci-dessous
Bibliographie L’International CRISIS Group a dans son article « Boko Haram au Tchad : au-delà de la réponse sécuritaire », 08 mars 2017 CEDPE, Rapport de la mission d’enquêtes des repentis de Boko Haram dans la région du Lac, du 29 mars au 05 avril 2018 CEDPE, Rapport de la mission d’identification, d’enregistrement et profilage de 2544 désengagés de Boko Haram dans la province du Lac, du 20 septembre au 19 octobre 2019 menées par le CEDPE P4P/USAID, Rapport de la table ronde portant sur « le rôle des organisations de la société civile et les pouvoirs déconcentrés/décentralisés dans la prévention de la radicalisation et la lutte contre l’extrémisme violent dans la province du Lac », 15-16 aout 2019. FUTUREX-CONSULTING, La revue The peace builder, de mars 2020 Archives de la FMM de l’année 2019 La revue scientifique du CEDPE du mois d'avril 2021 est téléchargeable gratuitement en PDF en cliquant sur le lien ci-dessous
[[1]]url:#_ftnref1 L’International CRISIS Group a dans son article « Boko Haram au Tchad : au-delà de la réponse sécuritaire », 08 mars 2017
[[2]]url:#_ftnref2 FUTUREX-CONSULTING, La revue The peacebuilder, de mars 2020
[[3]]url:#_ftnref3 Opération de la FMM afin d’éliminer le groupe BH dans la zone du Lac Tchad, juillet 2015. Les engins et les armes ont été saisis et brulés.
[[4]]url:#_ftnref4 Archives de la FMM de l’année 2019
[[5]]url:#_ftnref5 Interview accordée à la télé-Tchad
[[6]]url:#_ftnref6 Archives de la FMM de l’année 2019
[[7]]url:#_ftnref7 CEDPE, Rapport de la mission d’enquêtes des repentis de Boko Haram dans la région du Lac, du 29 mars au 05 avril 2018
[[8]]url:#_ftnref8 CEDPE, Rapport de la mission d’identification, d’enregistrement et profilage de 2544 désengagés de Boko Haram dans la province du Lac, du 20 septembre au 19 octobre 2019menées par le CEDPE
[[9]]url:#_ftnref9 Cellule de liaisons des Associations féminines
[[10]]url:#_ftnref10 P4P/USAID, Rapport de la table ronde portant sur le rôle des organisations de la société civile et les pouvoirs déconcentrés/décentralisés dans la prévention de la radicalisation et la lutte contre l’extrémisme violent dans la province du Lac, 15-16 aout 2019.
[[11]]url:#_ftnref11 L’International CRISIS Group a dans son article « Boko Haram au Tchad : au-delà de la réponse sécuritaire », 08 mars 2017