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Masra 61,20 %, le président sortant 19,35 %

Dimanche 5 Mai 2024

Masra obtient un score de 61,20 %, tandis que le candidat sortant de la coalition Mahamat Idriss Deby obtient 19,35 % et le reste des huit candidats obtiennent 11,60 %. Cela veut dire que même si les 7 candidats affichent leur soutien au candidat de la coalition Mahamat Idriss Déby, ce dernier n’aura que 30,95 %, un score qui ne lui permet pas de gagner l’élection présidentielle,


Masra 61,20 %, le président sortant 19,35 %
Le dernier sondage réalisé le 16 avril a été suivi et mis à jour le 3 mai, en mettant l'accent sur la campagne électorale. Ce sondage porte sur un échantillon de 1000 personnes, réparties dans les 10 arrondissements, avec un pourcentage de 100 par arrondissement. Les premières tendances vues et revues et mises à jour indiquent que sur mille personnes interrogées, il y a eu 92,15 % qui ont accepté de répondre et dont 7,85 % entre abstention et invalidation.
Dans ce sondage, Succès Masra obtient un score de 61,20 %, tandis que le candidat sortant de la coalition Mahamat Idriss Deby obtient 19,35 % et le reste des huit candidats obtiennent 11,60 %. Cela veut dire que même si les 7 candidats affichent leur soutien au candidat de la coalition Mahamat Idriss Déby, ce dernier n’aura que 30,95 %, un score qui ne lui permet pas de gagner l’élection présidentielle, ce qui veut dire que le candidat Masra Succès reste toujours en tête de la course. Prenons les scores dans cinq des dix arrondissements : dans le 7ème arrondissement qu’on estime acquis à Masra, le président sortant obtient 2% alors que dans le 6ème, il obtient 10 et dans le 9ème, il obtient 3. En réalité, le score du président sortant de la coalition est bien en deçà des attentes pour remporter cette élection. Si on prend l’exemple du sud du pays, une étude empirique montre qu’au sud du pays, Masra pourrait récolter jusqu’à 76,96% contre 24,33 pour le président sortant qui obtiendrait à Abéché moins de 41,50% face à Masra 54%. Il faut bien le préciser que les votants sont en grande partie militants de la coalition, ceux qui détiennent des cartes électorales.

L’étude montre que les électeurs veulent infliger au président sortant un vote sanction, ce qui veut dire que tous les électeurs qui votent Masra proviennent du camp de la coalition que dirige Mahamat Idriss Déby Itno dit MIDI, en raison de l’usure du pouvoir puis à cause de son échec cuisant dans tous les domaines. MIDI a commis quelques erreurs visiblement irréparables ayant empêché sa campagne de bien décoller: D’abord il n’a pas réussi à se démarquer du MPS, le parti de son père qui traînait des casseroles pendant 31 ans et qu’il ne s’est pas non seulement entouré des mêmes personnes accusées de corruption et de détournement mais il leurs a confié des postes clés. Alors qu’il a accusé publiquement Idriss Youssouf Boy d’avoir détourné 13 milliards de FCFA, il le nomme à la surprise générale, au moment où il dit lutter contre la corruption, non seulement Directeur de cabinet, mais également trésorier général de sa campagne électorale. Dans le sondage, la majorité des sondés disent ne pas avoir confiance aux institutions chargée de l’élection et ils citent nommément l’ANGE, le conseil constitutionnel dont le président est impliqué dans une affaires de corruption, sans oublier le Directeur de campagne arrêté et traduit pour une affaire de détournement. En plus de ces grosses bêtises du candidat sortant, la majorité de tchadiens estiment qu’il est en grande partie responsable de délestage exagéré d’électricité, de la pénurie par intermittence du carburant, de manque d’eau jusque dans la capitale, des conflits intercommunautaires ayant causé en trois années un millier de morts, de la cherté de la vie, des nominations aux postes de responsabilité sur des bases claniques, ethniques et politiques, de la corruption et de détournement à grande échelle.

Enfin, le candidat de la coalition mène une lutte sur plusieurs fronts. D’abord, sur la réconciliation nationale avec les politicomilitaires, il n’a pas réussi à réconcilier les deux principaux mouvements politcomilitaires à savoir le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT) et le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCSMR). L'assassinat du leader Yahya Dillo, deux jours avant l'annonce de la candidature de MIDI, a provoqué une division parmi les partisans du pouvoir. En outre, dans l'affaire du Soudan, le ministre tchadien des affaires étrangères, proche des Forces de Soutien Rapides (FSR), ne rate aucune occasion de réprimer le gouvernement soudanais qu'il considère comme illégitime.

Quelle approche adoptera-t-il le candidat sortant ?
En réalité, le candidat sortant a une marge de manœuvre très restreinte et se résume en trois actions :
1. Il utilise la fraude pour se déclarer gagnant en déployant l'armée dans les rues de la capitale afin de dissuader toute opposition à sa victoire ;
2. Accuser Masra pour avoir essayé de faire un coup d'État électoral et de chercher à l'arrêter, ou du moins à le convaincre d'accepter le verdict.
3. Accepter la victoire de Succès Masra et sortir par la grande porte, une idée à écarter connaissant la personnalité du candidat sortant qui n’a jamais honoré ses engagements qui consistaient à remettre le pouvoir à un régime civil, après la transition ;

Qu'en est-il de l'armée dans tout cela ?
La muette, qui surveille de près cette situation, blâme le président d'avoir joué avec le feu en désignant Masra comme Premier ministre, puis en le soutenant dans le jeu électoral. Il est envisageable que l'armée intervienne pour mettre fin au processus électoral.


 

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Source: CEDPE, centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme.