Interview à Abba Gardi de Ahmat Yacoub Dabio président du Centre d’Études pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE).
Le 24 avril 2022
Abba Gardi : Les politico-militaires demandent le report du dialogue national inclusif prévu pour le 10 mai prochain, mais le gouvernement signe et persiste que ces assises se tiendront bel et bien à cette date. Selon vous, le report est-il nécessaire ?
Dr. Ahmat Yacoub Dabio : Je vous remercie et à travers vous, je remercie Abba Gardi pour son professionnalisme. Autant que je sache, c’est la grande majorité de tchadiens qui demande le report. Le Centre d’Études pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE) que je dirige s’est déjà, par un communiqué, prononcé sur la nécessité non seulement de reporter le dialogue, mais de revoir également le processus dans son ensemble.
Le 24 avril 2022
Abba Gardi : Les politico-militaires demandent le report du dialogue national inclusif prévu pour le 10 mai prochain, mais le gouvernement signe et persiste que ces assises se tiendront bel et bien à cette date. Selon vous, le report est-il nécessaire ?
Dr. Ahmat Yacoub Dabio : Je vous remercie et à travers vous, je remercie Abba Gardi pour son professionnalisme. Autant que je sache, c’est la grande majorité de tchadiens qui demande le report. Le Centre d’Études pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE) que je dirige s’est déjà, par un communiqué, prononcé sur la nécessité non seulement de reporter le dialogue, mais de revoir également le processus dans son ensemble.
- Abba Gardi : Et si jamais ce dialogue arrivait à se tenir le 10 mai comme prévu, que va-t-il se passer ?
- Abba Gardi : En décidant que ce dialogue se tienne absolument le 10 mai, Mahamat Idriss Déby Itno prépare-t-il la guerre ?
- Abba Gardi : En tant qu’expert en gestion des conflits, qu’est ce qui n’a pas marché à Doha d’après vous ?
- Abba Gardi : Vos propositions pour un dialogue sincère.
- Le report de la date du dialogue, car sans la présence des politico-militaires, le dialogue n’aura pas de sens ;
- La dépolitisation et la « désécurisation » du dossier puis former une équipe restreinte de négociateurs, composée des professionnels (dix personnes), capables de mener une négociation avec les politico-militaires et de trouver un compromis le plus vite possible.
- De son côté, la société civile doit se mobiliser pour apporter sa contribution en formant une équipe indépendante de facilitateurs. Le CEDPE a déjà proposé l’envoi d’une équipe de 5 facilitateurs pour tenter de rapprocher les points de vue de deux parties.
- La création d’une institution « indépendante » chargée de la gestion du processus de la réconciliation nationale à l’instar de la Haute autorité à la paix et la stabilité (HAPS) au Niger qui réalise un travail exceptionnel sans tapage ni tambour battant. Le pays a besoin d’une telle institution même après le dialogue pour être à l’écoute des citoyens et surtout pour assurer la gestion post dialogue, en premier lieu la réintégration et la réinsertion socioprofessionnelle des combattants des mouvements politico-militaires.
- Prolonger la transition de six à 12 mois pour bien préparer le dialogue en impliquant tout le monde.
- Enfin, impliquer les structures d’études et de recherche dans l’élaboration d’un projet de réinsertion, de réhabilitation, d’intégration, de formation et de relogement des huit mille combattants appartenant aux différents mouvements politico-militaires. Pour mettre fin au conflit, il faut qu’on prenne au sérieux ce volet militaire.