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Programme d’activités pour la période biennale 2022 - 2024 (CEDPE)

Lundi 31 Octobre 2022

Ce document est la synthèse exhaustive des activités inscrites dans le cadre du projet « Prévention des conflits et la promotion des valeurs démocratiques » qui s’étale sur une période de deux ans.


Le Tchad face aux défis des crises multiples d’origine exogène (cov id19, dérèglement climatique ; et d’origine endogène (flambée des prix, délestage de l’énergie, faiblesse de la justice, corruption, détournement, inégalités dans les domaines sociopolitiques). A cela s’ajoute l’extrémisme violent et les conflits inter et intracommunautaires aux conséquences nationales dramatiques. Alors que le Tchad a réussi à contrer le terrorisme sur sol et au-delà en apportant un important soutien militaire aux pays du bassin du Lac Tchad et à ceux de l’espace du G5 Sahel, il convient de rappeler que ces dernières années, les conflits intercommunautaires sont légion dans le Tchad profond entraînant des violences parfois sanglantes, occasionnant mort d’Hommes. La récurrence de ces conflits dans un contexte sociopolitique tendu fait craindre le pire. Le bilan entre 2021 et 2022 est particulièrement lourd[[1]]url:#_ftn1 , avec 24 incidents signalés à travers le pays (neuf à l'Est, sept au Sud, huit dans le Lac). Les affrontements auraient fait 309 morts et 182 blessés, plus de 6 500 personnes déplacées et la destruction de biens et de moyens de subsistance. Une étude menée par le cluster Protection dans la province du Lac en juillet 2021 a révélé que les principales raisons des tensions intercommunautaires sont l'accès aux ressources économiques (49%), l'accès à la terre (21%) et l'accès aux services (11%). L'accès à l'aide humanitaire a également été identifié comme une source de conflit (4%), en raison du manque de transparence ou de communication suffisante ciblant la population touchée. La rareté des ressources due aux catastrophes naturelles, notamment les pâturages et l'eau, est devenue une source de tensions entre éleveurs et agriculteurs. Le changement climatique a modifié les itinéraires et les périodes de transhumance du bétail. D'autres zones, auparavant sèches, sont maintenant fertiles ou favorables à la pêche, provoquant une concurrence et un conflit ouvert entre les communautés pour le contrôle de ces ressources. Les conflits intercommunautaires ne sont pas rares au Tchad, mais l'ampleur sans précédent des violences enregistrées ces dernières années, conjuguée à la prolifération des armes parmi les civils, a incité le gouvernement à déclarer l'état d'urgence dans les provinces orientales du Ouaddaï et du Sila en janvier 2021, et déjà plus tôt en 2019. Afin de mettre un terme à ces conflits, il est impératif de renforcer le volet relatif à la prévention et d'identifier des solutions à long terme pour répondre aux besoins des éleveurs, des agriculteurs et de la population générale en matière de disponibilité et d'accès aux ressources naturelles et services. C’est pourquoi, le CEDPE, une des structures des organisations de la société civile (OSC) qui travaille à la promotion des valeurs humaines, mène activement des actions de prévention de l’extrémisme violent (PEV), du terrorisme (CT) et de prévention des conflits inter et intracommunautaires (PCII), car il estime que l’option militaire à elle seule, n’a jamais résolu un problème.
De nos jours, dans beaucoup de pays, des acteurs comme l’administration[[2]]url:#_ftn2 , la société civile, les médias, les politiques, les chefs religieux[[3]]url:#_ftn3 et traditionnels[[4]]url:#_ftn4 , les forces de l’ordre, les chercheurs, enseignants et universitaires, jouent un rôle important dans les domaines de la prévention de l’extrémisme, des conflits intercommunautaires et la consolidation de la paix. Ils veuillent à la protection, à la promotion et au renforcement des valeurs démocratiques comme les droits et libertés individuelles et collectives des citoyens et des communautés ; à la sauvegarde de l’harmonie et de la cohésion sociale. Ils jouent de plus en plus un rôle essentiel dans les discussions, les initiatives et les programmes visant à promouvoir la paix et la sécurité dans le monde. Ils constituent un appui à la société civile qui peut jouer un rôle d’alerte rapide sur les risques sécuritaires. La société civile a notamment influencé la nouvelle conceptualisation de la sécurité axée non plus sur l’État mais sur les personnes. L’accent mis sur la sécurité des personnes s’explique par la conviction que, au fond, seule la sécurité des peuples peut garantir la sécurité durable des États. Cette idée est répandue dans les régions du monde qui ont connu des conflits ouverts et des guerres civiles ayant ravagé les communautés et dévasté la vie des gens ordinaires. Ces acteurs cités ci-hauts jouent un rôle de premier plan en encourageant les initiatives locales de consolidation de la paix, en engageant des processus de réconciliation, en préconisant l’adhésion aux accords de paix et en mettant en place des capacités d’éducation pour la paix.
 
Pour renforcer la capacité de ces différents acteurs de jouer un rôle dans la prévention des conflits et dans la promotion des valeurs démocratiques, le centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme, riche d’une expérience quinquennale en la matière continue de leur faire bénéficier d’un appui technique et d’un renforcement des capacités. Ceci à travers une nouvelle campagne de sensibilisation axée sur un nouveau planning biennal d’activités de huit tables rondes (conférences débats), deux débats télévisés, six formations, deux études, de la recherche et assurer la publication et la distribution de huit revues scientifiques trimestrielles.
 

[[1]]url:#_ftnref1 Le bilan des conflits intercommunautaires de l’année 2022 fait état de 200 morts à Kouri Bougoudi en mai 2022 ; plus de 06 morts à Danamadji ; 21 morts à Abéché en janvier 2022 ; plus de 10 morts à Sandana en février 2022, plus d’une dizaine de morts à Mangalmé, pour ne citer que ceux-là.
[[2]]url:#_ftnref2 L’extension de l’autorité de l’État est une tâche clé de prévention des conflits et du maintien de la paix qui se concentre sur des activités visant à garantir que les institutions de l’État sont présentes sur tout le territoire du pays fournissant des biens et des services et que son autorité est perçue comme légitime aux yeux de la population. Les acteurs politiques ont la responsabilité d’apporter un soutien technique et un renforcement des capacités des institutions étatiques, notamment dans le domaine de la sécurité et de l’état de droit, et soutenir les pratiques de bonne gouvernance en travaillant en étroite collaboration avec les autorités locales, les acteurs de la société civile et les communautés locales pour favoriser le dialogue et promouvoir la paix et le vivre-ensemble. 
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[[3]]url:#_ftnref3 Les leaders religieux quant à eux contribuent pleinement à la vie de la nation, chacun œuvrant en son domaine et selon ses propres responsabilités à la recherche du bien commun. De ce qui précède, la religion peut être instrumentalisée à des fins politiques, pour diviser et dresser les communautés ou individus les uns contre les autres, au détriment de la paix et de la stabilité internationale. À cet effet, les responsables religieux jouent un rôle particulier pour contribuer à la prévention des conflits parce qu’ils ont un lien direct avec les croyants. Ils ont la légitimité pour énoncer un discours religieux au service de la paix, un discours contre la violence et pour dire que l’on ne saurait tuer et violenter au nom de la religion.
Il est important de souligner que le dialogue inter-religieux est un inestimable instrument de paix pour désarmer et désamorcer les préjugés et les discriminations mais aussi pour permettre de fructueuses coopérations au service du bien commun.
Les leaders religieux peuvent jouer un rôle d’alerte rapide sur les risques sécuritaires, mais ils peuvent aussi aider à l’inclusion des victimes. Selon Adama Dieng, Conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger, les chefs religieux « ont pour responsabilité de contribuer à la construction de sociétés pacifiques, inclusives et capables de résister aux conflits, à l’extrémisme violent et aux atrocités ».
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[[4]]url:#_ftnref4 Le rôle du chef traditionnel reste tributaire des authenticités socio-culturelles d’origine. Le Chef traditionnel est gardien des coutumes et mœurs, garant de leur respect.  Cependant, ce rôle traditionnel a évolué dans le temps car ayant été adapté aux missions de l’administration publique ou du pouvoir d’État. C’est ainsi que de nos jours, le Chef traditionnel veille aussi à la protection des droits et libertés individuelles et collectives des citoyens et des communautés dont il a la charge. Ils veillent à la sauvegarde de l’harmonie et de la cohésion sociale ; au respect des lois et règlements, au respect de la tolérance religieuse et des pratiques coutumières pour autant que ces pratiques ne perturbent pas l’ordre public et ne portent atteinte aux droits et libertés des autres membres de la communauté. Le Chef traditionnel surtout à la défense des intérêts des citoyens et des communautés dans leurs rapports avec l’administration et les tiers.
En plus de ses attributions en matière de préservation de la paix et de la quiétude sociale, le Chef traditionnel exerce son autorité sur l’ensemble des populations recensées dans le quartier, la tribu, la chefferie particulière, la fraction ou le secteur, y compris les étrangers établis dans ces localités et ou sur les terres qui en dépendent. En matière de prévention des conflits, de préservation de la paix et de la cohésion sociale, le Chef traditionnel dispose du pouvoir de conciliation des parties en matière coutumière, civile, et de transactions foncières et règle selon la coutume, l’utilisation par les familles ou les individus des terres de cultures et des espaces pastoraux sur lesquelles la communauté coutumière et traditionnelle dont il a la charge possède des droits coutumiers reconnus, sans préjudices des dispositions du Code Rural. Dans tous les cas, il dresse les procès-verbaux de conciliation ou de non-conciliation qui doivent être consignés dans un registre ad hoc dont, extrait est adressé à l’autorité administrative de son ressort et à la juridiction compétente.