Alors que les Forces de Soutien Rapide (FSR) essuient des défaites majeures au Soudan, les observateurs s’accordent à dire que leur affaiblissement pourrait avoir des conséquences graves pour le Tchad. En effet, l’effondrement des FSR menace de déstabiliser un régime tchadien déjà fragile et marqué par des tensions internes.
Depuis son accession au pouvoir, Mahamat Idriss Déby, surnommé par les tchadiens le “maréchal guignol”, s’est révélé incapable de répondre aux défis d’un pays en crise. Ses décisions, souvent perçues comme dictées par la cupidité et l’incompétence, ont aggravé les divisions au sein de sa propre communauté Zaghawa, présente à la fois au Tchad et au Soudan. Son implication hasardeuse dans le conflit soudanais va à l’encontre des intérêts de cette communauté, exacerbant son isolement.
Un régime autrefois soutenu par la France
L’histoire récente du Tchad est marquée par une constante : le clan Déby a survécu grâce au soutien militaire et logistique de la France. Depuis les premières années du règne d’Idriss Déby Itno, les interventions françaises ont joué un rôle déterminant pour sauver son régime à des moments critiques :
• 2006 : Alors que les rebelles avaient encerclé N’Djamena et que la chute du régime semblait inévitable, une intervention française massive, incluant des frappes aériennes et un soutien logistique, a permis de repousser l’offensive.
• 2008 : Une offensive rebelle, arrivée aux portes de la capitale, a été stoppée grâce à une intervention décisive des forces françaises.
• 2019 : Des frappes aériennes françaises ont détruit des colonnes rebelles progressant vers N’Djamena, préservant encore une fois le régime.
Cependant, cet appui décisif appartient désormais au passé. Le Tchad a récemment dénoncé les accords militaires qui liaient le pays à la France, entraînant le retrait progressif des troupes françaises. Ce désengagement prive le régime Déby de son principal bouclier contre les attaques rebelles.
Un régime gangréné par des pratiques mafieuses
Des sources proches du pouvoir révèlent que le régime Déby, devenu voyou et mafieux, est impliqué dans un vaste trafic de drogue traversant le Niger, le Tchad et la Libye. Ce réseau criminel serait orchestré par Abdelkerim Idriss Déby, alias “Karimou”, frère du président Mahamat Déby. Ce trafic, qui aurait pris une ampleur alarmante ces dernières années, constitue une source de revenus essentielle pour un régime isolé sur la scène internationale et miné par les scandales.
Un avenir de plus en plus incertain
Aujourd’hui, Mahamat Idriss Déby fait face à un contexte de plus en plus instable. L’autoproclamation de son grade de maréchal, mise en scène lors d’une cérémonie grandiloquente, a suscité moqueries et critiques. Mais derrière ce spectacle, le régime montre des signes de faiblesse.
Privé du soutien militaire français, une attaque coordonnée contre N’Djamena pourrait entraîner une chute rapide du régime. Cette hypothèse n’est pas sans rappeler les événements qui ont marqué la chute de régimes dans d’autres pays en crise, comme en Syrie.
Le clan Déby au bord du gouffre:
La survie politique du clan Déby repose désormais uniquement sur des alliances locales fragiles et des réseaux illégaux, mais l’histoire enseigne que ces appuis sont rarement durables. Si les pressions régionales s’intensifient, Mahamat Déby pourrait ne pas survivre politiquement à son grade de maréchal, tout comme son père avant lui.
Avec la défaite des FSR au Soudan, les fractures du régime tchadien risquent de s’élargir. Déjà isolé, y compris au sein de sa propre communauté Zaghawa, Mahamat Déby pourrait être confronté à une fin brutale. Pour beaucoup, le régime Déby semble vivre ses derniers jours dans une illusion de stabilité.
Une chose est sûre : sans le soutien français, une attaque significative sur N’Djamena pourrait entraîner l’effondrement d’un système qui tient déjà sur un fil.
Mahamat Ahmat Nour
Lu pour Vous cette analyse ne reflète pas du tout la ligne éditoriale du CEDPE qui est une structure totalement indépendante et apolitique.