2. La lutte contre le terrorisme
Etant donné que le Tchad est engagé militairement contre le terrorisme dans plusieurs pays de la sous-région, les Etats impliqués dans cette lutte notamment la France sont pressés de reconnaître la position post Maréchal du nouveau homme fort de N’Djamena. D’aucuns s’interrogent sur ce que deviendra la stratégie panafricaniste du maréchal ? sera-t-elle poursuivie évidement avec le maintien des forces stationnées sur le sol de trois frontières ( Burkina, Mali, Niger) ?. C’est dans cet esprit que M. Le Drian ministre français des affaires étrangères s’est empressé de déclarer que le Tchad maintiendra son dispositif militaire dans l’espace du G5 Sahel[[1]]url:#_ftn1 . Il convient de rappeler que Paris est le premier à être angoissé par le spectre du retrait des troupes tchadiennes dont on sait l’importance sur le terrain. Et contrairement au Tchad, la mort d’un soldat français[[2]]url:#_ftn2 suscitera des vives réactions politiques dans l’hexagone de nature à affecter sérieusement la popularité du président Français.
En faisant bouger les lignes de front de quelques kilomètres du triangle géographique, le nouveau homme fort a voulu remuer le couteau dans la plaie de la France et du G5 Sahel, une stratégie qui a bien fonctionné. D’abord c’était un message clair à la position des Etats du G5 Sahel qui n’ont pas bougé le petit doigt pour soutenir le Tchad pendant les attaques du FACT[[3]]url:#_ftn3 , puis se faire supplier par les anciens colonisateurs. Cette stratégie expérimentale a bien fonctionné car les autorités françaises ont lâché du lest. En contrepartie du maintien de ces forces, Emmanuel Macron s’est empressé de reconnaitre la nouvelle junte militaire au pouvoir, une position inhabituelle fortement critiquée par certains parlementaires français, la société civile et les partis politiques au Tchad. En plus de cette reconnaissance, Macron non seulement il décide d’assister aux obsèques mais la diplomatie française aurait exercé de pression sur les chefs d’Etat du G5 Sahel pour assister, par solidarité, aux funérailles.
A N’Djamena, Macron a promis son soutien à la junte militaire dirigée par le fils du président tchadien pour dit-il préserver la "stabilité" de son allié dans la lutte contre les terroristes : « La France, dit-il, ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. Et Macron joint l’acte à la parole lorsque quelques heures après les funérailles, un convoi de rebelles aurait été pulvérisé[[4]]url:#_ftn4 par des frappes de l’aviation française.
Quatre jours après les funérailles, et à la surprise générale, une manifestation organisée par les partis politiques, la société civile et les syndicats a été réprimée dans le sang. 11 morts et 36 blessés, selon la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH).
Accusée par les manifestants d’avoir encouragé la junte au pouvoir à la répression, les symboles de la France auraient été pris pour cible, des drapeaux incendiés, des manifestants brandissent des banderoles où on peut lire abat la France et vive la Russie. La nouvelle donne n’a pas laissé l’Elysée indifférent. Macron rétropédale et se rattrape. En présence de son homologue congolais Tshisekedi [[5]]url:#_ftn5 , président en exercice de l’Union Africaine, Macron a fermement condamné la répression sanglante de la manifestation et s’est dit même « contre tout plan de succession »[[6]]url:#_ftn6 . Enfin, avec cette allure inquiétante, la lutte contre le terrorisme qui ne doit en aucun moment dépendre de l’humeur d’un homme mais des institutions, reste hypothétique si les partenaires ne jouent pas franc jeu pour pousser le pays à un dialogue global.
Par Ahmat Yacoub
président du CENTRE d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme (cedpe)
yacoubahmat@aol.com
A suivre le 3ème défi, le dialogue.....https://www.centrerecherche.com/Tchad-le-dialogue-demeure-un-des-defis-essentiels-3_a385.html
En faisant bouger les lignes de front de quelques kilomètres du triangle géographique, le nouveau homme fort a voulu remuer le couteau dans la plaie de la France et du G5 Sahel, une stratégie qui a bien fonctionné. D’abord c’était un message clair à la position des Etats du G5 Sahel qui n’ont pas bougé le petit doigt pour soutenir le Tchad pendant les attaques du FACT[[3]]url:#_ftn3 , puis se faire supplier par les anciens colonisateurs. Cette stratégie expérimentale a bien fonctionné car les autorités françaises ont lâché du lest. En contrepartie du maintien de ces forces, Emmanuel Macron s’est empressé de reconnaitre la nouvelle junte militaire au pouvoir, une position inhabituelle fortement critiquée par certains parlementaires français, la société civile et les partis politiques au Tchad. En plus de cette reconnaissance, Macron non seulement il décide d’assister aux obsèques mais la diplomatie française aurait exercé de pression sur les chefs d’Etat du G5 Sahel pour assister, par solidarité, aux funérailles.
A N’Djamena, Macron a promis son soutien à la junte militaire dirigée par le fils du président tchadien pour dit-il préserver la "stabilité" de son allié dans la lutte contre les terroristes : « La France, dit-il, ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad. Et Macron joint l’acte à la parole lorsque quelques heures après les funérailles, un convoi de rebelles aurait été pulvérisé[[4]]url:#_ftn4 par des frappes de l’aviation française.
Quatre jours après les funérailles, et à la surprise générale, une manifestation organisée par les partis politiques, la société civile et les syndicats a été réprimée dans le sang. 11 morts et 36 blessés, selon la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH).
Accusée par les manifestants d’avoir encouragé la junte au pouvoir à la répression, les symboles de la France auraient été pris pour cible, des drapeaux incendiés, des manifestants brandissent des banderoles où on peut lire abat la France et vive la Russie. La nouvelle donne n’a pas laissé l’Elysée indifférent. Macron rétropédale et se rattrape. En présence de son homologue congolais Tshisekedi [[5]]url:#_ftn5 , président en exercice de l’Union Africaine, Macron a fermement condamné la répression sanglante de la manifestation et s’est dit même « contre tout plan de succession »[[6]]url:#_ftn6 . Enfin, avec cette allure inquiétante, la lutte contre le terrorisme qui ne doit en aucun moment dépendre de l’humeur d’un homme mais des institutions, reste hypothétique si les partenaires ne jouent pas franc jeu pour pousser le pays à un dialogue global.
Par Ahmat Yacoub
président du CENTRE d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme (cedpe)
yacoubahmat@aol.com
A suivre le 3ème défi, le dialogue.....https://www.centrerecherche.com/Tchad-le-dialogue-demeure-un-des-defis-essentiels-3_a385.html
[[1]]url:#_ftnref1 RFI, jeudi 22 avril 2021
[[2]]url:#_ftnref2 Depuis 2013, la France a perdu 50 soldats lorsqu’on dénombre plus de 700 morts pour le Tchad.
[[3]]url:#_ftnref3 Front pour l’alternance et la concorde au Tchad
[[4]]url:#_ftnref4 Samedi 24 avril 2021 (voir véhicules)
[[5]]url:#_ftnref5 Le président français Emmanuel Macron et son homologue congolais Félix Tshisekedi ont condamné les violences qui ont éclaté au Tchad après la mort du président Déby et la prise du pouvoir par une junte ce 27 avril (https://information.tv5monde.com/afrique/tchad-macron-et-tshisekedi-condamnent-les-violences-apres-la-mort-du-president-idriss-deby)
[[6]]url:#_ftnref6 https://video.lefigaro.fr/figaro/video/tchad-emmanuel-macron-contre-un-plan-de-succession/
