Voici comment la secte Boko-Haram est née

Mercredi 7 Décembre 2022

C’est à partir de 2002 à Maidugri dans l’Etat de Borno au Nigeria, que les prémisses de ce qui allait devenir la terreur de la zone sahélienne de l’Afrique se sont fait sentir. Vers 2013, Boko-Hara est devenu tellement puissant et organisé qu’il n’a pas laissé indifférente la communauté internationale. Voici la chronique de sa naissance.



D’idéologie salafiste, le groupe Boko-Haram a été formé en 2002 par le prédicateur Mohammed Yusuf, qui prêchait d’une manière pacifique l’Islam radical. Ses discours étaient assez sulfureux et acérés à propos des dirigeants nigérians. En 2009 lors d’une manifestation pacifique violemment réprimée par les forces gouvernementales, Mohammed Yusuf fut arrêté et sommairement exécuté. C’était l’erreur fatale à ne pas commettre. A partir de ce moment, ses fidèles bien moulés dans ses enseignements en appellent à la lutte armée (jihad).

« C’est la répression de l’armée nigériane conduisant à la mort de Mohammed Yusuf (fondateur de Boko-Haram) qui a radicalisé les adeptes. Le groupe Boko-Haram passe alors progressivement sous le contrôle d’Abubakar Shekau et commence une campagne de guérilla, d’attentats et de massacres. En effet, c’est à partir de 2014 que le conflit se régionalise, du fait que les éléments de Boko-Haram utilisent les pays voisins du Nigéria (Cameroun, Niger, Tchad) comme lieux de refuge ou base-arrières pendant la répression de l’armée », soutient Abbami Oumar Abdou, Dr. en science politique à l’université de Maroua au Cameroun. C’est ainsi que Abubakar Shekau a pris la tête et officialisé le caractère insurrectionnel du mouvement. En plus des pays limitrophes du Nigeria, le grain Boko-Haram a aussi poussé au Mali et en Mauritanie.

Sans tarder, la secte s’allie à Al-Qaïda puis à l’Etat Islamique, à qui elle prête allégeance le 07 mars 2015. Elle devient alors l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO). Boko-Haram est considéré depuis comme l’un des mouvements les plus atroces du XXIème siècle, avec à son actif des crimes contre l’humanité ayant profondément affecté le Nigéria où la plupart de ses attaques se sont déroulées, lors des opérations armées ou des attaques kamikazes.

Interpellé par les atrocités du groupe, en août 2016, Abu Mosad Albarnoui écarte Abubakar Shekau et prend la tête du mouvement comme coordonnateur général car cette dissension interne amène la secte à se fracturer en trois tendances : le groupe de Shekau occupe une partie du Nord-Cameroun et une partie du Nigéria frontalière du Cameroun, celui de Mahamat Nour occupe le nord-ouest du Nigéria en l’occurrence Baga-Kawa et Doro-Baga, et celui de Abba Kaka occupe la partie sud-ouest du Niger, à la frontière avec le Nigéria et le Tchad. Ces différents sous-groupes ont massacré sans ambages des dizaines de milliers d’habitants dans les quatre pays riverains du Lac Tchad. Selon une étude du HCR en 2018, Boko-Haram a causé la mort de 27.000 âmes et 2.480.790 déplacés. Ces chiffres sont non exhaustifs.

Dans le prochain article, nous vous expliquons ce que signifie Boko-Haram et les raisons de sons succès en Afrique.