Le groupe Wagner s’installe-t-il à la frontière tchado-libyenne ? Quarante-huit heures après la visite du vice-ministre russe de la défense à Benghazi, Wagner aurait déployé une force à la frontière tchado-libyenne. L’objectif, selon une source libyenne autorisée est d’installer une base militaire à la frontière pour prévenir toute incursion de l’armée tchadienne sur le sol libyen appuyée par l’armée française.
Depuis la ville de Kouri Bougoudi, le président Mahamat Déby, a lors d’une déclaration, souligné qu’il n’exclut pas de franchir la frontière libyenne pour poursuivre les rebelles tchadiens : « Nous avons pleinement le droit de franchir la frontière conformément aux accords de Khartoum signés en 2018 », a-t-il déclaré. La déclaration du président tchadien et le survol par des avions français de l’espace libyen ont été interprétés par le gouvernement de Benghazi comme étant une menace voire une volonté de mener une offensive à l’intérieur de la Libye avec l’appui de l’aviation français. Ahmad Al-Mesmari le porte-parole du maréchal Haftar a déclaré, mardi, à la télévision Al-Arabya, que toute poursuite doit avoir une autorisation officielle adressée au gouvernement libyen qui l’étudiera minutieusement avant d’en décider. Selon les rebelles tchadiens, l’armée tchadienne se prépare à attaquer ses positions, en territoire libyen, après avoir attaqué un de ses postes avancés. Les rebelles accusent la France d’avoir survolé leurs positions, et qu'elle aurait donné des renseignements aux forces tchadiennes qui ont bombardé leurs positions faisant quatre morts dans les rangs du FACT qui a décidé de rompre le cessez-le-feu. Selon Ahmad al-Mesmari, le porte-parole du maréchal Haftar, les rebelles tchadiens n’ont aucune présence sur le sol libyen et l’attaque du CCMSR, le 10 août dernier, qui a fait plusieurs victimes a eu lieu sur le sol tchadien et ce n’était pas une incursion.
Prenant la menace au sérieux, le gouvernement de Benghazi qui accuse la France d’avoir survolé son espace aérien, a sollicité l’aide de la Russie. Poutine a dépêché à Benghazi son vice-ministre de la Défense, Lounus-Bek Ievkouro. Plusieurs entretiens ont eu lieu avec les chefs des états-majors des forces libyennes, dans le cadre de renforcer leur coopération et la coordination militaires entre les deux parties. Dans un communiqué officiel du porte-parole Ahmad Al-Mesmari, il a été indiqué que cette visite intervient dans le cadre de la coopération militaire et sécuritaire, et de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale ».
Al-Mesmari a souligné que « Lounus-Bek Ievkourov a tenu une réunion technique à son arrivée avec les chefs des états-majors et certains départements techniques, en présence du responsable du bureau du commandant en chef des forces de l’Est, Khairi Tamimi ».
Les libyens partagés sur la présence des rebelles sur leur territoire
Alors que le gouvernement de Tripoli opte pour repousser les rebelles tchadiens hors du territoire, à Benghazi, deux positions opposent les hautes autorités. La première pense qu’il faut employer la force pour contraindre les rebelles tchadiens à mettre fin à leur présence militaire alors que la deuxième tendance estime que les rebelles tchadiens, non seulement, doivent être considérés comme des alliés, mais ils doivent être soutenus. Un haut cadre libyen a déclaré mardi à la télévision Al-arabya que « le FACT est un allié et il n’est pas question de le laisser se faire broyer par la machine militaire tchadienne et la Russie doit soutenir notre allié ». C’est une déclaration dangereuse a estimé M. Birayam Saleh, chercheur associé au centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme. « Si j’ai un conseil à donner au chef de l’État tchadien, c’est de lui dire d'engager sans plus tarder des pourparlers avec ceux qui sont restés à l'écart du DNIS », a ainsi déclaré à Tchadinfos, le président du centre d’études (CEDPE), Dr. Ahmat Yacoub Dabio. Il ne faut pas donner une occasion à Wagner de s’introduire dans le dossier tchadien en apportant un soutien militaire à la rébellion, ce qui rendra plus difficile la situation, a estimé le président du CEDPE.
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